LE SENEGAL… MALADE ? (PAR CHEIR BALDE)

15 - Novembre - 2022

En ces temps ténébreux où le monde traverse des vicissitudes de toutes sortes, le climat par-ci, l’énergie par-là, la poussée inflationniste inédite qui risque de mettre l’économie mondiale à genoux avec une cascade de récessions partout, notre pays se réserve le droit à des lendemains politiques mouvants. A y réfléchir de plus près, la situation interroge.
Le Sénégal est – il malade ?
De sa mal-gouvernance assurément.
Une pathologie aussi gravissime que ne l’est n’importe quelle maladie chronique. Sauf que les maladies classiques atteignent que les humains. Hors que celle-ci touche tous les composants de la société dans son entièreté.
Alors, parler de mauvaise gouvernance revient clairement à mettre le doigt là où ça fait mal à commencer par une élite politique qui a failli. Ce qui crée une bascule, une contre dynamique négative qui entraîne dans son sillage l’ensemble des élites intellectuelles, religieuses, et même des populations vers un délitement plus profond, une déchirure de nos valeurs et de nos croyances.
Et pourtant, c’est qui est curieux, c’est que le pays engendre en son sein toutes les grandes figures de la félicité, de la vertu et de l’espérance pour éviter à priori de nous faire tomber dans les bas-fonds de la gabegie, des vices, des détournements, de la méchanceté, de la parole « kleenex » et tant d’autres comportements abjects.
Maintenant comment ce pays a-t-il pu basculer de la brillance à la médiocrité allant de mal en pire au fil des ans ?
Ce Sénégal qui fascinait tant Senghor au point de produire chez lui des rêves de lumière, et qui suscitait chez certains grands penseurs sénégalais tel que Cheikh Anta Diop des sensations pharaoniques tant sa magie paraissait universelle. Dans la même veine Wade érigea le monument de renaissance dans la continuité de cette grandiloquence pour le magnifier. Mais, reconnaissons que ce même Wade a été le détonateur de cette pathologie de mal gouvernance, détricotant tous les codes de gouvernance en mettant l’argent – sale parfois - au cœur de son système de gestion des affaires publiques.
Autrefois nation adulée, citée en exemple partout, aux alternances vantées, cernée par la connaissance, qui inspirait un dialogue multiforme, la recherche du consensus et le mieux vivre ensemble. Bardé de codes de bienséance, de vie et de joie, de respect et de probité, une société qui donnait envie. Vraiment envie, le pays de Dabakh, de Serigne Fallou, de Cheikh Ibrahima Niasse, du Cardinal Thiandoum pour ne citer que ceux-là au milieu d’une forêt de remarquables sommités
Qu’a-t-on fait du Sénégal ? Où veut-on conduire notre nation ?
On se le demande tous au vu des fractures béantes observées partout. Force est de constater que notre pays est devenu aujourd’hui brouillon, déliquescent, mal organisé, où les rapports humains sont d’une fausseté ahurissante. Un pays à la gouvernance sordide a installé dans le quotidien des sénégalais des contre-valeurs axés autour de la médisance, de la jalousie puérile et de l’opportunisme mercantile.
Collectivement, osons affronter du regard notre société. Elle est sérieusement, malade et abimée. Le fait d’avoir trouvé d’importantes ressources devrait nous en soulager dans l’avenir et en définitive la guérir. Mais bien au contraire cela suscite notre inquiétude et beaucoup de craintes du fait des agissements du régime actuel. Car tous les signaux actuels qu’il émet laissent à croire qu’il est prêt à bafouer toutes les règles démocratiques pour se maintenir coûte que coûte au pouvoir.
Admettons-le sans le moindre doute, le Sénégal est gouverné de la pire des manières où le citoyen compte pour un énergumène sans défense et sans considération, où le parti a pris le dessus sur la patrie, où les investissements de plus en plus opaques ne sont mus que du bon vouloir du prince au nom de son prestige et des rétro-commissions versés aux affidés nonobstant toute logique économique.
Le pouvoir a perdu de sa sérénité, il est sans boussole en plus d’un horizon douché par les dernières élections locales et législatives qui ont marqué le début de sa fin. Seule logique de mise à feu et à sang du pays semble être leur direction, embastillant, humiliant, exécutant s’il le faut toute personnalité contestant son hégémonie. Pape Alé Niang en est la dernière illustration au nom de fallacieuses accusations.
Justement, il faut écouter la majorité des hommes et des femmes politiques de la mouvance présidentielle pour s’en rendre compte. D’une vacuité abyssale, quand il s’agit de pondre des solutions, tous des pyromanes qui respirent et transpirent politique et ne comprennent rien aux enjeux du monde présent.
Quelle est cette démocratie où la justice est aux ordres n’obéissant qu’au doigt et à l’œil du pouvoir exécutif ?
Il n’est pas besoin d’être constitutionnaliste pour savoir qu’une candidature du président Macky Sall n’est ni recevable, ni admissible. Car, à son initiative le clairon bien ciré sur tous les toits du monde, il a convoqué le corps électoral sénégalais pour un référendum leur promettant que sa seule motivation était de verrouiller notre charte fondamentale pour que quiconque ne soit tenté de faire plus deux mandats consécutifs à commencer par lui-même en termes clair net et précis.
Nul ne peut exercer plus deux mandats consécutifs
Ce n’est plus qu’un secret de polichinelle puisque tous les jalons que pose le président Macky Sall vont dans le sens d’une préparation à une troisième candidature. Mais qu’il veuille l’entendre ou pas le peuple sénégalais se dressera comme un seul homme pour le lui en empêcher.
Poussé en cela par des faucons lâchement enrichis, ayant largement pillé nos ressources foncières, il pense pouvoir écraser, intimider, au pire passer sur des cadavres pour arriver à ses fins.
Il n’est pas trop tard pour qu’il change de braquet et comprendre que la gestion de la manne pétrolière et gazière reviendra à quelqu’un d’autre que cela lui plaise ou non. C’est dans la logique des choses. Ainsi va la vie des nations, de l’état, c’est une continuité où chacun pose sa pierre et passe en laissant la place au suivant.
Pendant ce temps la république vacille dans ses fondamentaux, souffrant de son école moribonde, de sa santé désespérante, du chômage endémique, de son hygiène défaillante, du manque de perspectives, de l’insécurité galopante dans les quartiers, en zone urbaine et dans les banlieues. Tel une pieuvre, la corruption s’est invitée dans tous les coins et recoins de la société, et cela va des hauts sommets de l’état jusqu’aux bas de l’échelle, un sport national avant même le foot et la lutte.
Qui parlait de gestion sobre et vertueuse ?
Malgré tous les maux décriés tantôt, je tiens à rassurer le Chef de l’Etat que son nom sera gravé au panthéon de notre république si la raison l’emporte sur la cupidité et la folie de ses thuriféraires.
Car personne ne lui déniera, même avec réserve, le remarquable travail abattu pour que le pétrole et gaz deviennent une réalité dans notre pays. En ingénieur averti, il a réussi à construire des routes et des ponts et à changer le visage du Sénégal en profondeur.
Incontestablement on retient également qu’il a su valoriser la formation professionnelle en investissant fortement le secteur. Que des oppositions s’expriment ou pas en termes d’opportunité ou de timing, il n’en demeure pas moins qu’il est celui qui a révolutionné la mobilité dans notre pays avec les arrivées du TER et du BRT.
Le mérite des Lions de la Téranga avec le sacre de la CAN est sans doute indissociable à son engagement personnel. Sur le plan diplomatique, il a assumé haut la main l’héritage en maintenant le niveau élevé de considération dû à notre pays.
Notre pays est remarquable de gens capables de pardon et de résilience. Les sénégalais ne lui souhaitent que d’une chose : Sortir avec les honneurs après lui avoir tout donné depuis une vingtaine d’années.
Il est évident que personne ne veut voir le président Macky Sall se retrouver devant le CPI ou terminer sa carrière politique humilié et couvert de vomissures. A moins que lui-même le souhaite en fonçant la tête baissée sur le guidon…A bon entendeur…

Vive la République, Vive le Sénégal.

Cheir BALDE
cherbalde@gmail.com

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