MIRAGE D’UN «SENEGAL PLUS PROPRE»

27 - Mai - 2023

Des «Cleaning days» aux «Bësup Setal», deux appellations d’un même programme présidentiel pour un «Sénégal plus propre», notre pays peine toujours à réaliser son ambition. L’éradication de l’encombrement urbain, des occupations illégales de l’espace public, des constructions anarchiques et de l’insalubrité, pour réussir un Sénégal «zéro déchet», reste encore un vœu. Les nombreuses initiatives dans ce sens, même salutaires, échouant toujours à cause du manque de suivi.

Un râteau ou balai dans une main, une pelle dans l’autre, le président de la République, Macky Sall, a présidé la première édition des journées nationales de nettoiement, le samedi 4 janvier 2020. Depuis le seuil de sa villa, au quartier de Mermoz, à Dakar, il venait ainsi de lancer son programme dénommé «Clining days». C’était la matérialisation d’un de ses engagements, suite à sa réélection dès le premier tour de la présidentielle du 24 février 2019, consistant à instituer «une journée de nettoiement» par mois pour un «Sénégal propre» voire «plus propre». Il revenait à Abdou Karim Fofana, alors ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, de dérouler cette volonté présidentielle.

Pour la pérennité de ce programme, Macky Sall, qui a fait du désencombrement de Dakar et des grandes villes une priorité de son second mandat, a appelé les populations à se mobiliser une journée par mois, en l’occurrence le premier samedi de chaque mois, pour débarrasser leurs quartiers des déchets. C’est l’objectif de ces journées nationales de nettoiement - les «Cleaning days» - lancées, le samedi 4 janvier 2020, par le chef de l’État. «Il faut que nous changions de comportement. Le plastique a fait trop de mal à l’environnement. On ne peut pas continuer à faire comme si de rien n’était», avait déclaré le chef de l’Etat qui avait déjà annoncé la couleur au lendemain de son investiture, pour un second mandat présidentiel, en avril 2019. «Il y a urgence à mettre fin à l’encombrement urbain, à l’insalubrité, aux occupations illégales de l’espace public et aux constructions anarchiques», avait-il prévenu, promettant des «mesures vigoureuses» afin de nettoyer le pays, «sans délai».

Seulement, appelé à se répéter le premier samedi de chaque mois, avec l’objectif affiché d’inciter les citoyens à nettoyer eux-mêmes leurs quartiers, il ne resterait de ce projet qu’une opération de communication, une sorte de mise en scène… traduisant en acte la volonté du chef de l’État d’aboutir à un «Sénégal zéro déchet». Car, après quelques mois d’engoue ment, le cadre de vie agréable qu’attendaient les Sénégalais de ces «Clining days» a semblé encore bien loin. Hélas !

Pis, l’espoir nourri par le peuple que les choses allaient enfin bouger dans le bons sens et pour de bon et que son cadre de vie connaîtrait d’énormes améliorations, après les échecs des initiatives citoyennes antérieures restées sporadiques, a été plombé par la survenue de la pandémie du coronavirus (Covid-19). Entre confinement, couvre-feu et autres mesures de restrictions et barrières imposées dans le cadre de la lutte contre la Covid-19, ce projet de Macky Sall ne réussira pas à produire des résultats escomptés. A l’image d’autres projets…

Conséquence, Dakar et sa banlieue et les autres grandes villes renouent avec leur insalubrité et encombrement d’avant. Surtout que, malgré les efforts de l’Unité de coordination de la gestion des déchets solides (UCG, aujourd’hui remplacée par la SONAGED.SA), l’absence de poubelles dans les rues de Dakar, du centre-ville et des quartiers, ne facilitait pas la matérialisation de la volonté étatique de faire de la capitale, Dakar, et alentours, une vitrine propre et attrayante du Sénégal.

JOURNEES NATIONALES DE NETTOIEMENT : PLUS D’UNE DIZAINE D’EDITIONS, SANS RESULTATS PATENTS

Des mois après, alors que Dakar replongeait dans ses désordres, le président de la République décide à nouveau de reprendre les choses en main, en ressuscitant son programme de journées nationales mensuelles de nettoiement. Mais, cette foisci, sous une nouvelle appellation, toujours avec le même objectif : les «Bësup Setal». C’est ainsi que Macky Sall a présidé la cérémonie de lancement de ces journées de «Clining days» sous leur nouvelle formule, le samedi 4 décembre 2021, au lycée d’excellence Sergent Malamine Camara de Dakar.

Cette version de l’initiative lancée en janvier 2020 et suspendue à cause de la Covid-19, a vu une participation massive de la population, des élèves et de l’UCG. A l’occasion, le président Macky Sall a invité l’actuel ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, Abdoulaye Saydou Sow, à continuer le travail de désencombrement pour libérer les artères de la capitale. Non sans souligner la nécessité de l’implication de toutes les forces vives de la nation pour l’amélioration du cadre de vie, tout en insistant sur le bien-fondé de ces journées de propreté et d’hygiène et surtout l’importance d’en faire une préoccupation citoyenne.

Rebelote ! Après un peu plus d’une dizaine d’éditions déroulées à Dakar et sa banlieue et dans certaines régions dont, entre autres, Kaolack, Saint-Louis, Thiès, Sédhiou, Louga et Kédougou qui a accueilli la douzième édition des «Bësup Setal», tout semble revenir à la case départ ou presque. Notamment en matière d’encombrement des espaces, emprises des routes et axes principaux et les places publiques.

Contrairement à l’UCG puis la SONAGED.SA qui s’efforcent à jouer leur partition pour rendre le «Sénégal propre», grâce aux éléments du programme «Xëyu Ndaw Ni» qui font un travail non négligeable, l’occupation anarchique des espaces, trottoirs et voies publics… est plus que jamais d’actualité. Toutes les zones qui ont respiré, après les passages des bulldozers, pelles mécaniques, camions bennes et autres agents du ministère de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, étouffent encore. Parce qu’envahies à nouveau par les anciens et de nouveaux occupants, du fait du manque de suivi des opérations menées, au grand dam des riverains et des usagers. Quid de la situation de la décharge, à ciel ouvert, de Mbeubeuss, en banlieue de Dakar qui ne cesse de déborder ? Celle-ci réceptionne quotidiennement environ 2200 tonnes d’ordures de toutes sortes, sans tri, et continue de s’étendre, faute de politiques publiques efficaces. Dès lors, si le ramassage des déchets constitue toujours un premier défi à relever par les autorités au Sénégal, principalement en période d’hivernage, leur traitement en est un autre. Les nombreuses initiatives vendues aux populations depuis des décennies peinant encore à prendre forme. Ce qui laisse toujours les programmes pour un «Sénégal plus propre» à l’état d’illusion !

sud quotidien

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