NANGO SECK ET DEMBA NGOM DEUX RAISONS DE MA CONSTERNATION (PAR PAPE SARR)

Nango Seck est mort, c'est le violent choc de la semaine pour les sénégalais de la diaspora en général et ceux de l’Italie en particulier. La triste nouvelle de cette matinée du samedi 26 avril marque la fin d’une semaine politique agitée qui laisse l’homosenegalensis normal exténué par une surchauffe permanente de courroux infinis ou ceux qui avaient promis de redresser et développer ce pays semblent s’agripper faute de chemin éclairé, à ce qui semble être une haine viscérale vis-à-vis du régime d’avant.

Feu Nango Seck, honorable député de la première cohorte de députés de la diaspora à l’assemblée nationale, aura au moins cette reconnaissance de représentant dévoué et assumé des sénégalais de l’extérieur. Il était agréable, ouvert et facile de commerce. Talibé mouride fervent il a toujours allié à ses passions et son profond respect des « ndigueuls » et autres recommandations de Touba. La dernière fois que j’ai entendu le timbre de sa voix singulière, il appelait les fidèles de sa dahira mouride à une réunion importante qu’il prévoyait pour ce fameux samedi 26 en insistant auprès des fidèles talibés pour qu’ils s’activent financièrement sur ce projet de keur Serigne Touba qui lui tenait à cœur. Dieu est omniscient, omnipotent, et en rappelant à lui sa créature dans ces circonstances il lui fait aussi miséricorde. La FSD dont il était un membre discret, pleure une icône assumée de cette diaspora dont il animait une partition whatsapp dénommée Eutou Diaspora Nango Seck. Par ma voix la Fédération internationale des Sénégalais de la Diaspora dans ses 73 comités régionaux du monde, s’incline devant sa mémoire et prie pour le repos de son âme.

C’est ainsi, le monde est beau, mais le monde est fou, telle est l’absurdité qui sert de règle ici bas et nous devons sans cesse allier la tristesse de quelqu’un qui nous est si cher et qui quitte ce monde, à la persécution d’un des nôtres retenu dans les liens de la détention pour avoir commis la faute de détenir 100 millions cfa d’argent liquide retrouvés chez lui. Et comme Demba Ngom, pour ne pas le nommer, est aussi le frère de Farba Ngom, il se retrouve sous les griffes soupçonneuses d’un état légitime qui poursuit les concitoyens dans une appréhension qui semble, à tort ou à raison, un peu trop sélective.

Nous ne savons de Demba Ngom que son engagement en tant que membre de la FSD, affilié au comité régional FSD du Burkina Faso dont il est à ce jour le trésorier. Nous le connaissons bosseur sans répit et toujours à l’affût de son business qu’il déroule courageusement depuis si longtemps entre Abidjan et Ouagadougou. A défaut de pouvoir lui servir d’avocat et de plaider en sa faveur nous disons juste à Demba toute notre compassion dans cette épreuve et espérons qu’il sortira vainqueur de cette accusation au regard de la thésaurisation généralisée au Sénégal et en Afrique. Des valises d’argent se sont bien retrouvées au salon du khalife général des mourides Serigne Mountakha Bachir (sounou yakaar tey yak euleuk) et les images de ce « adiya » convoyé depuis Dakar par le Sieur El Hadji Mbackiyou FAYE et sa suite dans de nombreuses grandes valises. Il y’en a eu pour plus de 2 milliards en liquide et cela n’a semble t’il choqué personne.

Alors j’ose espérer que le motif de l’arrestation de Demba NGOM n’est pas la détention de 100 millions en liquide chez lui. C’est une manie encore bien partagée dans ce pays et en Afrique et c’est bien fort de cette conviction manifeste qu’un illustre politicien a dit, dans une adresse à ses militants. « Quand vous irez chez eux à la prochaine manifestation vous ne manquerez pas de trouver des millions voire des milliards dans leurs maisons ».

Merci à internet de garder intact les vidéos pour servir de VAR et de preuve à nos allégations dans ce climat de recherche effrénée de coupables à emprisonner et de non affiliés à extirper, l’ambition clairement affichée et annoncée étant même d’effacer, ceux qui rament à contre-courant.

Mes émotions à ce stade risquent de m’enliser et de me faire oublier que nous sommes en deuil et que notre frère Nango, décédé, n’est pas encore porté en terre. Il serait malvenu de ma part de mêler de la politique à ces moments de recueillement que requièrent les obsèques et le rapatriement de notre défunt frère.

Mais à cette émotion lourde du deuil que nous impose la disparition d’un des nôtres s’ajoute le sentiment de dépit de l’arrestation d’un compatriote sénégalais de l’extérieur à qui on reprocherait de détenir 100 millions.

Les modou modou et fatou fatou qui permettent par leur dévouement à la famille restée au pays de joindre les deux bouts, utilisent bien des canaux informels d’envois d’argent et sont pour la grande majorité des thésauriseurs pouvant détenir des sommes d’argent de cet ordre chez eux. Le taux de bancarisation dans ce pays même s’il s’est beaucoup amélioré depuis l’avènement des porte-monnaies électroniques et autres mobile banking n’a jamais éliminé la manie de nos concitoyens à détenir du liquide. Au point que des personnes refusent encore de vendre un bien autrement que par paiement en liquide, en cash, en espèces sonnantes et trébuchantes.

Dans cette histoire nous ne défendons personne mais nous soutenons notre compatriote dans cette situation aux relents politiques évidents et rappelons notre état à la parcimonie et à la responsabilité. Les sénégalais de la diaspora contribuent à leur manière à l’économie et au développement de notre pays, il ne faudrait pas qu’on lie tout et n’importe quoi au point de culpabiliser tout le monde.

Notre consœur Awa Bocar LY Tall, il n’y a pas longtemps à fait les choux gras de l’actualité politique, quelques personnes m’ont reproché de la défendre au vu de nos démêlés au moment du dernier Congrès de Dakar, mais le principe impersonnel est de défendre les sénégalais de la diaspora et leurs intérêts, quoi qu’il se passe, et je faillirai en m’agrippant à des courroux internes à notre fédération. Nous souhaitons également un dénouement heureux à cette membre de la FSD Canada afin que la raison et la compétence soient les véritables socles de la considération profonde de l'État sénégalais vis-à-vis de ses concitoyens et surtout de ceux qui sont aujourd’hui appelés les sénégalais de l’extérieur. J’ignore à cette heure si Samba NDIAYE mon excellent ancien au Prytanée Militaire de Saint Louis « kheuyna » ou pas comme le dit si bien Badara Gadiaga, mais dans cette même veine j’aimerais bien que Dr Aoua Bocar Ly « kheuy » elle aussi.

Si on continue à creuser le trou de la désillusion et de la déception des sénégalais de l’extérieur qui peinent à entreprendre sur leur territoire d’origine, et qui encaissent en plus la mauvaise blague sur les appels à candidature, on risque de braquer une grande partie de ces sénégalais à part entière sans lesquels il est quasi impossible à ce pays d’équilibrer sa balance des paiements.

Les sénégalais de l’extérieur ne seront jamais des variables d’ajustement au service des politiques et des politiciens sénégalais, alors à défaut de les conforter dans leurs envies de participer au développement de leur pays, en leur facilitant la vie, il faut qu’on arrête de les inquiéter pour satisfaire des ambitions dépourvues de toute vertu.

Au lieu d’étendre les bases imposables en direction d’un peuple globalement en difficulté, faites plutôt sauter cette interdiction d’importer des véhicules âgés pour un pays qui ne produit pas de voitures. L’état y gagnera plus qu’en inquiétant le gorgorlou moyen que le coût de la vie a fini de dépouiller. Les sénégalais de la diaspora n’habitent pas qu'à Dakar et pour s’en sortir ils économisent difficilement, en leur permettant d’importer un véhicule en rentrant chez eux nos gouvernants facilitent les entreprises de nos concitoyens et les déplacements dans les régions autres que Dakar. Dakar n’est pas le Sénégal et à l’ère du numérique voir des populations bloquées dans une région parce que le véhicule « horaire » qui rallie leur village est parti est juste inqualifiable.

Comme tous les sénégalais, les concitoyens de la diaspora se battent parfois au péril de leur vie pour que d’autres vivent mieux dans ce pays qui nous est cher, mais ils meurent aussi sur ce chemin qui ne dure finalement que le temps d’une rose. Entre les deux situations il ne saurait y avoir de la place pour de la haine à assouvir.

Que la miséricorde d’Allah le tout puissant accompagne notre frère Nango SECK jusqu’à sa dernière demeure et que le Paradis Firdawsi lui soit accordé ! Amine

Pape SARR

Duc de Diapal

Pdt de la FSD

internationale