Pour Paris, l’avenir du franc CFA est d’abord une question africaine

01 - Octobre - 2016

Les Africains qui réclament un débat sur le franc CFA devront attendre. Vendredi 30 septembre, lors de la conférence de presse organisée à l’issue de la rencontre des ministres des finances de la zone franc à Bercy, ministres et gouverneurs de banques centrales ont affiché une belle solidarité pour balayer d’un revers de main toute question et dissiper les doutes.

« C’est une question de cours. Elle était déjà posée il y a dix ans, il y a vingt-cinq ans », a ainsi répondu le ministre de l’économie et des finances français, Michel Sapin, à une journaliste qui osait demander « si le franc CFA était bon pour le développement ». « La France garantit la stabilité du franc CFA. Ce n’est pas sa monnaie, elle dépend de la volonté des Africains. Mais cette stabilité est une garantie pour le pouvoir d’achat des plus pauvres », a-t-il poursuivi.

Plusieurs économistes africains et européens réclament l’abandon de la parité fixe entre le CFA et l’euro. En début de semaine, Carlos Lopes, l’ex-secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies, a affirmé que le franc CFA était « un mécanisme désuet ». « Aucun pays au monde ne peut avoir une politique monétaire immuable depuis trente ans. Il y a donc quelque chose qui cloche », a-t-il ajouté. Lundi sortira un ouvrage collectif au titre explicite : Sortir de la servitude monétaire. A qui profite le franc CFA ? (242 p, 15 €, ed. La Dispute).

Ni sous-évalué, ni surévalué

Les pays de la zone franc occupent les dernières places du classement des Nations unies sur le développement humain. S’il n’est pas question d’attribuer les contre-performances de ces pays à la seule politique monétaire, ces économistes font cependant remarquer que la zone franc est le seul espace monétaire au monde qui relie encore de cette façon des pays à leur ancienne puissance coloniale.

Mais pour le gouverneur de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Thiémoko Meyhet Koné, « les difficultés que rencontrent les [quatorze] pays de la zone ne sont pas liées à la monnaie. Elles s’expliquent par le choc créé par la chute des matières premières. » Le ministre centrafricain des finances, Henri-Marie Dondra, estime lui aussi que « la monnaie se porte bien ». « S’il y avait un problème, on l’aurait inscrit à l’ordre du jour », a-t-il expliqué.

Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, sur la base d’études régulières réalisées par son institution, a également assuré que le franc CFA n’était « ni sous-évalué, ni surévalué » et qu’il offrait « une protection contracyclique à ces pays ».

Laurence Caramel Lemonde

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

25 - Octobre - 2022

LE SÉNÉGAL FAIT SON ENTRÉE AU SEIN DU GECF, « L’OPEP DU GAZ » CE MARDI 25 OCTOBRE

Dakar fait ce mardi 25 octobre son entrée en tant qu’observateur du Gas Exporting Countries Forum (GECF), qui réunit les principaux exportateurs de gaz dans le monde. Il...

22 - Octobre - 2022

REVUE DE PRESSE: LES QUOTIDIENS ÉVOQUENT LE CONTRÔLE DES PRIX ET D’AUTRES SUJETS

Les quotidiens évoquent des sujets très variés pour leur parution du week-end, dont le plan gouvernemental de contrôle des prix des denrées de consommation...

21 - Octobre - 2022

TRANSPORTS: LUXAIR SE POSE À DAKAR

Une bonne nouvelle pour les Sénégalais de France qui ne cessent de dénoncer la cherté de la ligne Paris-Dakar? La compagnie aérienne Luxair a inauguré une...

18 - Octobre - 2022

LE SÉNÉGAL TABLE SUR UNE CROISSANCE DE 10, 1 % DE SON PIB EN 2023

Le taux de croissance du Produit inétrieur brut (PIB) est projeté à 10, 1% en 2023 contre une prévision de 4,8% en 2022, a-t-on appris de source officielle....

14 - Octobre - 2022

Le Sénégal, nouveau venu sur l’échiquier gazier et pétrolier

Depuis la côte de Saint-Louis, on l’aperçoit figée dans l’océan: la gigantesque plateforme de la Grande Tortue Ahmeyim (GTA), projet d’exploitation...