REWMI : Eviter les erreurs du passé !
Le parti REWMI est connu pour placer, comme un étendard, la lutte pour les principes et la défense constante des préoccupations des populations, au cœur de son action politique. Une noble cause pour laquelle il ne saurait être question de déroger. C’est sa marque de fabrique et le leitmotiv profond de son leader très ancré dans ses convictions religieuses et socio-culturelles sénégalaises.
Les valeurs de respect des principes en tant que mode d’action ou de position morale et celles de nationalisme idéologique, ont conduit par le passé, à faire perdre à Idrissa Seck beaucoup de suffrages. Les sénégalais l’ont sanctionné essentiellement pour avoir de l’éthique, de la morale religieuse et de la préférence nationale dans sa façon de faire de la politique. Analysons quelques raisons majeures de la désaffection des électeurs à son égard.
Les retours successifs vers Abdoulaye Wade :
Les valeurs morales dans notre système d’éducation nous inculquent le respect des anciens, des parents et des autorités religieuses ? Elles nous font obligation de devoir d’assistance, de reconnaissance et de fidélité envers les ainés ou les personnes agées qui ont eu à faire ou parfaire notre éducation. Malgré les affres politiciennes infligées par Abdoulaye Wade, pour l’éliminer politiquement au profit de son fils à qui il a légué son parti, Idy avait choisi d’écouter les voix des consciences religieuses et socio-culturelles « autorisées » de notre pays qui lui conseillaient le retour à la droite du père, même si ce dernier était plus imbu de ruse politicienne que de droiture morale. Il l’avait payé cher en 2007. En 2012, c’est Macky Sall, lui qui avait suivi le chemin inverse, en tournant définitivement le dos à l’homme à qui il doit tout, avec qui il a entrepris sous son ombre toutes les dérives et tous les travers du régime Wade, qui a été préféré. Aujourd’hui il entreprend une vengeance sordide en affligeant au fils Wade les pires peines. Et ce, avec l’onction de ces mêmes « consciences autorisées » qui semblent occulter pleinement les désastres de son compagnonnage en coresponsabilité dans le système Wade honni. C’est dire qu’avec seule l’éthique en bandoulière, il est difficile d’entrainer les masses populaires.
La lutte pour le respect de la Constitution et des principes républicains :
En 2012, juste après la « révolution du 23 juin », il était conséquent et logique de centrer la lutte pour le respect scrupuleux de la Constitution et contre le 3e mandat éventuel de Wade. Il n’y a pas plus grand principe politique que de défendre la démocratie contre les dérives monarchiques et autoritaires et d’empêcher un président de s’éterniser au pouvoir par des tripatouillages de la loi fondamentale. Mais la stratégie du Président de Rewmi d’alors n’avait pas rencontré l’adhésion populaire. Les électeurs ont porté leur voix sur Macky Sall qui avait préféré joué un double jeu comme à son habitude : être à la fois contre le 3e mandat de Wade et accepter de concourir avec celui-là même en se désolidarisant de ses camarades de lutte pour aller faire campagne. La morale du respect des principes est outrageusement bafouée, mais ce qui est vrai et réalisable sous d’autres cieux (Burkina Faso où Le président Compaoré a été chassé par les populations pour les mêmes causes), ne l’est par pour le Sénégal. Là également les bons principes pour sauver la République et sauvegarder l’Etat de droit, bien que nécessaires, ne sont pas suffisants pour emporter l’adhésion des masses populaires. Dans notre pays, sous notre démocratie tropicalisée, l’idéologie dominante qui imprègne fortement les populations électrices semble être l’espérance ou « Yaakar ». Macky en a fait, avec une perversion abusive, son leitmotiv constant et permanent : Promettre, faire miroiter et distribuer des milliards, au mépris des intérêts prioritaires et indispensables du pays. Une prochaine et seconde tournée de campagne électorale dite « conseils des Ministres délocalisés » où il ne sera question que de milliards, se prépare aux frais de l’Etat et comble de paradoxe avec les applaudissements des populations. La politique des « aadiyas », des « diaxales » et de distribution de prébendes et de sinécures, semblent recevoir plus d’échos et d’impact dans l’imaginaire des populations en mal de saine conscience idéologique.
Les fausses et malhonnêtes accusations de « Idy voleur milliardaire » :
Au Sénégal une certaine opinion qui a la peau dure, continue de colporter à dessein des rumeurs fausses, malsaines et malhonnêtes, sur une illusion ou vision fantasmagorique qu’Idy est milliardaire par le truchement de Wade qui est à l’origine de cette cabale sans preuve ni condamnation. Tous ses discours et ses messages sont dénaturés par cette folie mensongère. Les démentis et les dénégations n’y suffisent toujours pas. Le défi unique lancé au monde politique « jusqu’à l’extinction du soleil… », n’a toujours pas été relevé ni par ses adversaires ou ennemis politiques ni par les juges d’aucun tribunal de justice ou populaire. Mais la perte de confiance infondée occasionnée par ce matraquage mensonger, altère ses légitimes ambitions politiques. C’est un fait mais pas un désespoir. Macky a bien fait oublier sa complicité ou sa docilité complaisante durant son long parcours sous la coupe de Wade.
Que faire ?
Un diagnostic des faiblesses et des erreurs du parti sans concession a certainement été fait, mais il faut aller plus loin. Se pencher sur sa stratégie à adopter pour lever les équivoques, éviter les chausse-trappes, surmonter les obstacles et aller à l’assaut des suffrages populaires.
Monter une coalition. C’est de lapalissade dans le contexte politique sénégalais où le cavalier seul est quasi-suicidaire. Mais avec qui ? Le piège n’est pas loin. Le marigot crocodilien Mankoo Wattu Sénégal où le bal des égos est un obstacle à une dynamique unitaire pour une large coalition de l’opposition. Si tant mieux que mal, celle-ci devait se sceller, le parti aurait de la peine à faire prévaloir la reconduction de son nombre total de députés. En outre ce serait une coalition sans leadership émergeant, non conforme à la vocation ni aux ambitions de grand parti national qu’est devenu Rewmi depuis longtemps. Les jeunes pousses de Mankoo aux dents longues et aux prétentions larges, chercheront légitiment à se peser et se mesurer. Donc à ne pas s’aplatir ni à se ranger derrière qui que ce soit. Les législatives pour Abdoul Mbaye, Gakou , Sonko et autres prétendants de Mankoo, sont un galop d’essai et un ballon de sonde pour leurs ambitions présidentielles de 2019. Ils ont d’ailleurs commencé à sillonner le pays pour peaufiner leur image et se préparer. Le Pds pour sa part, se dit incontournable c’est-à-dire « tous derrière moi ». Tout rapprochement avec le frère-ennemi encore sous les ordres de Wade pourrait raviver « la perte de confiance » latente. La voie royale serait ce qu’on pourrait appeler la pêche aux filets maillants qui permet un ratissage large et une sélectivité sans compromis des partis devant constituer la coalition autour de Rewmi: « Que ceux qui sont d’accord avec mon positionnement et mes objectifs me suivent » tel devrait être le crédo politique de Rewmi pour préparer les législatives. Assumer son leadership et assumer son destin. François Mitterrand avait le génie et le talent d’incarner ce magistère politique. Abdoulaye Wade a toujours eu cette hauteur politique pour arriver à rassembler l’opposition autour de lui. Tous deux se sont relevés de plusieurs échecs électoraux avant d’emporter la présidentielle. Toujours dans l’affirmation d’un leadership incarné permanemment.
Le déterminisme du contexte politique et l’adéquation avec les aspirations des populations :
Il n’y a pas à rechercher midi à quatorze heures. La campagne électorale permanente s’impose. Aller au-devant des populations, à leur contact et à leur écoute, pour s’imprégner de leurs difficultés et leur parler des solutions possibles. Un bon programme quel qu’il soit, argumenté et déclamé, ne remplace pas dans le cœur de nos compatriotes un contact humain et un partage de bons sentiments mais surtout une espérance entretenue par une confiance nouée après de chaudes poignées de mains.
Sur le plan médiatique, un travail constant de déconstruction de la politique du pouvoir mais accompagné de propositions alternatives, se doit d’être entrepris avec une communication action-réaction calée sur les plans de communication présidentiels. Ce ciblage campe l’existence d’une politique alternative opposée aux projets du pouvoir, devant l’opinion publique et permet au citoyen de comprendre qu’il y a une autre politique plus favorable. A l’idée que : « bayii leen ko mou ligey (laisser le travailler », il faut opposer dans l’imaginaire public, l’idée que : « bou leen ko bayii muy yaax reew mi (ne pas le laisser détruire le pays) ». Le régime de Macky Sall engendre tellement de tares et de scandales, qu’il tente désespérément d’étouffer en occupant constamment le devant de la scène politique par un tintamarre de propagandes démesuré, qu’il devrait être aisé pour le grand tribun Idrissa Seck de remplir ce rôle éminent qu’on attend de lui.
Le redéploiement régulier de tous les lieutenants, capitaines et colonels du parti, à l’intérieur du pays profond, pour porter haut et fort le message du parti et de son leader aux populations, est plus qu’opportunément nécessaire. Les talents et les bonnes volontés existent et sont prêts au sacrifice. Dakar est le nez du pays mais ses poumons sont dans les périphéries de l’intérieur et de l’extérieur. Ne refaisons pas la campagne de la place de l’indépendance mais imaginons une grande tournée des conseils « vox populi » pour démontrer que le pays est mal parti parce que mal dirigé, qu’une autre voie ou une autre vision existent et sont possibles.
Le parti Rewmi a la chance d’avoir un leader en situation objective de porter l’estocade à Macky Sall qui le redoute fort. A lui de devenir l’homme de la situation parce que l’alternance dans six mois est bien possible.
Cherif benamar Ndiaye