Souverainisme ? Parlons-en (Par Pape Sarr)

16 - Octobre - 2025

A l’ère du numérique et des grands slogans il semblerait que du coté de Ndoumbélane les gouvernants ont fait le choix d’un souverainisme rénové si tant est que tous les gouvernants avant eu ont géré une république indépendante et donc souveraine. Jamais avant l’avènement du parti état de Pastef on avait autant entendu parler de projets et de souverainisme, sauf que la situation actuelle du Sénégal suffit à prouver qu’il n’y a d’indépendance ou de souverainisme que si la force de l’économie du pays vous met en situation de décider quoique ce soit dans le concert des nations.

La vérité des statistiques est que notre pays croule sous le poids de la dette et des manques d’alternatives crédibles et aune véritable mesure publique n’est venue nous sortir de l’ornière par une proposition opérationnelle concrète. Depuis l’annonce de la falsification des chiffres devenue le problème des dettes cachées avant de muter en déclarations erronée, on ne cesse de changer de sémantique au grès des réunions avec le FMI qui refuse toujours de nous faire la grande facilitation de caisse qui doit permettre à ce pays de bénéficier de dettes concessionnelles et du retour aux autres bailleurs suspendus à la décision du FMI. Et la chute continue depuis lors. Elle est devenue vertigineuse et commence à nous diriger vers les ténèbres républicaines avec son corollaire de méfaits. Comme un malheur ne vient jamais seul, les operating softwares qui pilotaient nos impôts ont été semble-t-il piratés, révélant ainsi notre grande vulnérabilité aux chocs exogènes et notre manque de souveraineté numérique. Je ne pense pas que ce soit la première fois d’ailleurs même si ces choses restent souvent couvertes de confidentialités.

Quand le grand slogan du New Deal Technologique a été lancé avec force présentation de toute une liste de sommités sénégalaises des nouvelles technologie, je me suis dit que le Sénégal a redéployé son écosystème technologique et numérique en renforçant le potentiel en ressources humaines de qualité. Mais cette prise en main de notre système aux domaines vient me confirmer que rien n’a été vraiment fait dans le sens d’une véritable protection de nos systèmes de gestion informatisés et que nous sommes loin d’un souverainisme indispensable en matière de numérique.

A l’instar de tous les pays qui se respectent nous avons mis en place des organisme de surveillance des données personnelles de nos populations qui utilisent beaucoup les outils numériques dans les processus de développement au point que notre indice iGDP se soit trouvé meilleur que celui de la beaucoup de pays développés qui ont démocratisé l’accès à internet à haut débit et à prix modique pour leur population. Quand en 2010, le Sénégal avec un indice GDP (mesurant l’utilisation d’internet dans notre économie) de 3,3 supplante et devance la Grande Bretagne, l’Inde, la France, le Kenya et le Canada, cela signifie clairement qu’il y’a un réel potentiel de création et d’intelligence qui peut porter plus haut le drapeau de notre pays et que si on fait le pari de l’appui de nos talents numériques avec une réflexion incontournable autour de notre souveraineté, nous pourrions réussir à prendre une place de choix dans l’ouverture au Big Data. Cela suppose bien sûr une protection réelle de l’accès à nos ressources numériques par la mise en place effective d’une politique de stockage souverainiste sur les serveurs du Parc des Technologies Numériques de Diamniadio et son Datacenter somme toute si conséquent. Mais surtout cela suppose une véritable sécurité pour s’assurer d’avoir la main sur nos ressources sénégalaises d’abord, africaines ensuite pour pouvoir valablement dealer avec le reste du monde à l’heure de l’intelligence artificielle. Mais où en sommes-nous réellement avec ce souverainisme qui doit rimer avec sécurité d’abord. Y’a t'il en Afrique une instance de sécurité numérique une sorte de digital Security Act collectivement pensée et réfléchie pour sécuriser à minima notre paysage numérique ? Qu’en est-il de nos possibilités de création ? Peut-on espérer avoir des instances africaines dans ces moment où l’alignement ou non à la France commence à disloquer notre UEMOA par exemple pour espérer trouver des règles pour garantir à l’image des européens et autres américains, les objectifs spécifiques de :

mieux protéger les internautes africains et leurs droits fondamentaux (liberté d'expression, protection des consommateurs et des enfants...) ;
aider les petites entreprises de l'Afrique à se développer ;
renforcer le contrôle démocratique et la surveillance des très grandes plateformes et atténuer leurs risques systémiques (manipulation de l'information...).
Au Sénégal la réponse est dans l’utilisation qui est faite de structures comme le FDSUT censé accompagner les entreprises dans l'innovation numérique et qui doit sa gouvernance au bon vouloir des autorités politiques. Il suffit d'avoir appris ou d’avoir un diplôme en Informatique et d’être du parti. Dans ces conditions et elles sont similaires aux autres pays de l’AES et de ce qui nous reste de CEDEAO, comment peut-on faire face aux GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) qui happent littéralement notre jeunesse, en se faisant respecter ?

Dans la même veine il ne peut y avoir un Digital Market Act (DMA) sénégalais respectable puisque nous ne sommes que consommateurs de ce qui se fait de bien en ligne et même si des talentueux se mettent à créer, ils se retrouvent forcés d’aller vite monnayer leurs productions faute de pouvoir garantir une posture de dignité numérique vis-à-vis des diffuseurs de contenus qui nous inondent très souvent de contenus illicites.

En réaction à ces volontés internationales de normaliser le secteur numérique, le Sénégal par analogie à la France et à l'Europe a facilité la création d’outils, d’actes, et de règlement dans le cadre de Sénégal numérique 2022. Il faut une saine continuité de l'État pour s'assurer de remplir l 'impératif sociétal de protéger nos populations contre la prédation et les monopoles qui nous font du tort.

Créer une commission de données personnelles avec la meilleure volonté du monde ne suffit pas à engager correctement le combat pour garantir les données personnelles des sénégalais dans un écosystème mondial où l’Etat ne peut garantir les moyens de pouvoir agir. La cybersécurité (rien à voir avec cette entité répressive qui convoque, parfois libère, mais très souvent, garde à vue et fait déferrer des individus à tour de bras) est une affaire de techniciens patriotes, chevronnés et engagés avant d’être l’affaire des juristes et de l’action gouvernementale. Cette action gouvernementale d'ailleurs, ne peut se contenter seulement de grandes déclarations de souveraineté, mais doit plutôt prouver que les moyens de se prémunir et d’assurer un open data national efficient existent, pour pouvoir dire que la CDP s’engage à garantir le respect de nos droits et à nous accompagner dans la protection de nos données personnelles

Les initiés savent tous que ce pays est à la merci des hackers qui utilisent bien souvent nos propres ressources contre nous. Il suffit juste de renforcer nos outils et de bien choisir nos ressources humaines au-delà des choix politiciens pour garantir une sécurité que bien souvent nos enfants garantissent ailleurs pour des occidentaux. Ce n’est pas la mer à boire….

Ma mission consiste à rappeler à l’ordre à ma façon, et c’est déjà trop dans un pays où on emprisonne à présent pour un vocabulaire mal perçu.

Dieu veille sur Ndoumbélane

Pape SARR

Duc de Diapal

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