«TOUS LES PAYS QUI SE RESPECTENT ONT UNE POLITIQUE DE PATRIOTISME ECONOMIQUE»

07 - Novembre - 2019

Pour le directeur exécutif du Club des Investisseurs du Sénégal (Cis) Dr Abdourahmane Diouf, l’ouverture à la concurrence doit se faire de manière graduelle. Il estime d’ailleurs que tous les pays qui se respectent ont une politique de patriotisme économique. Abdourahmane Diouf s’exprimait hier lors d’un forum d’échange d’informations entre les pays ACP et l’union Européenne (uE).

Entre la mise en œuvre de la Zone de libres échanges continentaux (Zlecaf), la concurrence avec les entreprises européennes, le secteur privé national appelle à la prudence. Pour le directeur exécutif du Club des Investisseurs du Sénégal (Cis) Dr Abdourahmane Diouf, l’ouverture à la concurrence doit être graduelle. «Quand on est dans le même marché avec la Cote d’Ivoire et le Mali où nous avons un tarif extérieur commun, la concurrence doit pouvoir se faire. Et nous devons nous ajuster pour gagner des parts de marchés vis-à-vis de ces concurrents régionaux», indique Dr Diouf.

En revanche, prévient-t-il, quand il s’agit de l’Europe ou d’autres pays qui sont beaucoup plus développés, notre secteur privé doit avoir un traitement spécial et différencié. Il considère que le secteur privé n’a pas peur de la compétition, mais il doit grandir progressivement pour avoir les moyens de sa politique. En bon défenseur des entrepreneurs sénégalais, Abdourahmane Diouf a soutenu que tous les pays du monde qui se respectent ont une politique de patriotisme économique, une politique de préférence nationale. «Pas dans le sens négatif du terme, mais une politique de protection des industries et de l’artisanat qui nous permet de nous ajuster et de grandir», tempère l’ancien porte-parole de Rewmi.

Pour lui, cette politique doit être appuyée par l’Etat. «Car, une PME qui a 20 salariés et qui est en face d’une multinationale européenne n’a aucune chance de gagner», tranche-t-il en invitant par ailleurs l’Etat à avoir la subtilité de nous protéger et de nous aider. D’autant que pour lui, l’Etat est arrivé à une époque où il a fait beaucoup de financements avec de l’argent public. «Il commence à atteindre son seuil. Et de façon objective, il commence à comprendre que c’est le secteur privé qui doit être son interlocuteur pour réaliser les grands projets de l’Etat.» C’est à l’Etat du Sénégal de comprendre qu’il doit faire face à son secteur privé en lui donnant des parts de marchés, non pas en terme de connivence mais parce que le secteur privé est capable de faire sortir de terre un certain nombre de ses chantiers» déclare Diouf.

Une plaidoirie manifestement bien attendue par le ministre de l’Economie et du Plan, Amadou Hott qui estime que le gouvernement du Sénégal travaille à mettre en place les dispositifs adéquats pour l’implication accrue du secteur privée dans la dynamique d’émergence. «Ainsi pour les cinq prochaines années, l’Etat entend renforcer le dispositif d’appui technique et financier au secteur privé national lui permettant d’accéder aux services financiers adaptés en vue de participer à la création de richesse et d’emplois», promet le ministre.

Toutefois dans ce contexte d’ouverture des frontières avec la Zlecaf, il invite le secteur privé à améliorer sa performance, sa productivité et sa compétitivité pour faire face à une concurrence accrue. La cheffe de l’UE au Sénégal, Irène Mingasson, a rappelé pour sa part que le Plan d’Investissement Extérieur de l’Union Européenne a affecté à l’Afrique pour la période 2017-2020 plus de 5 milliards d’euros.
L'As

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

03 - Novembre - 2018

RAPPORT DOING BUSINESS 2019 : Le Sénégal perd une place, malgré les progrès

Le Sénégal perd une place dans le classement mondial du rapport Doing Business 2019 de la Banque mondiale. De la 140e place, l'année dernière, le pays régresse...

03 - Novembre - 2018

ENQUETE SUR LA PUBLICATION DES CONTRATS : L'aversion à la transparence dans le secteur extractif

La société civile s'est également réunie, hier, à Dakar, pour vilipender les mauvais élèves en matière de transparence des contrats miniers,...

02 - Novembre - 2018

Air Sénégal : la ligne Paris - Dakar assurée en A330 neo

C’est Airbus A330 néo qui va assurer la ligne Paris - Dakar, qui sera ouverte le 1er février. L’appareil  d’une capacité de 290 passagers, sera...

31 - Octobre - 2018

UNE DELEGATION DE LA BANQUE MONDIALE EXAMINE LA SITUATION ECONOMIQUE EN CASAMANCE

Une délégation du bureau de la Banque mondiale à Dakar, conduite par Louise Cord, directrice des opérations a effectué une visite, la semaine dernière en...

31 - Octobre - 2018

BERLIN MET EN PLACE UN FONDS D’INVESTISSEMENTS D’UN MILLIARD D’EUROS POUR LES PME AFRICAINES ET ALLEMANDES

L’Allemagne a décidé de créer un fonds d’investissements d’un milliard d’euros pour accompagner les PME africaines et allemandes dans le cadre du...