Esclavage en Libye: le témoignage édifiant de réfugiés camerounais

23 - Novembre - 2017

Deux-cent cinquante migrants camerounais, venus de Libye, sont arrivés au Cameroun le 22 novembre 2017 dans le cadre d'un projet humanitaire mené par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Ces Camerounais ont témoigné à leur arrivée du «cauchemar» libyen, évoquant un «enfer total».
Plusieurs de ces Camerounais ont affirmé qu'ils vivaient dans des «prisons» aux conditions très mauvaises. Leur rêve était d'arriver en Europe, selon eux. «C'était l'enfer total en Libye. Je ne conseillerais même pas à mon pire ennemi de s'y rendre», a affirmé un des migrants, Maxime Ndong, qui dit avoir vécu «un cauchemar».

«Les Libyens n'ont aucune considération pour les Noirs. Ils nous traitent comme des animaux. Ils violent les femmes. Nous étions entassés dans des entrepôts. Nous étions bastonnés. Nous ne mangions pas bien. Il n'y avait pas d'eau et nous nous lavions à peine», a-t-il raconté.

«Il y a le commerce des Noirs là-bas. (Il y a) les gens qui veulent des esclaves comme ça se passait à l'époque de la traite négrière. Ils viennent en acheter», a-t-il dénoncé. «Si vous résistez, ils tirent sur vous. Il y a eu des morts», a ajouté l'homme encore marqué par les traumatismes.

M. Ndong dit avoir passé huit mois en Libye avec son épouse, dont il n'a plus de nouvelles «depuis trois mois». Il a ajouté ne pas savoir «si elle est en vie ou morte», a-t-il expliqué, indiquant qu'elle était enceinte lorsqu'ils se sont quittés.

Le retour de ces Camerounais s'inscrit dans le cadre d'un projet visant à favoriser le retour de 850 migrants camerounais, selon Roger Charles Evina, chargé de projet à l'OIM, agence des Nations Unies. «L'OIM va monter avec eux des plans d'affaires pour leur permettre de se réintégrer», a-t-il assuré. D'après lui, au moins 1.700 Camerounais sont en «situation de détresse» en Libye.

L'OIM a rapatrié 10.000 personnes de Libye
Les témoignages des Camerounais de retour chez eux faisant état de la terrible situation des migrants en Libye ne sont pas une exception. En septembre dernier, avant donc les images de CNN, des témoignages de Gambiens de retour de Libye utilisaient déjà le mot «esclavage». «En Libye, les Noirs n'ont pas de droit, n'ont pas leur mot à dire».. «On nous faisait passer de ferme en ferme, où des Libyens nous vendaient comme "esclaves"», dit-il. «On travaillait constamment. Certains étaient abattus s'ils travaillaient trop lentement. Tout ce qu'on pouvait faire, c'était prier de nous en sortir vivant...», racontait un Gambien rapatrié par l'OIM.

La description de la situation en Libye a provoqué de vives réactions au Cameroun. Un Libyen a été violemment pris à partie.

Le site Camerounweb évoque leur situation: «Au nombre de 250, bloqués en Algérie et au Niger, ils ont décidé de retourner dans leur pays d’origine le Cameroun et de se refaire leur vie au moment où la vente des migrants en Libye fait débat actuellement. A l’aéroport de Yaoundé, ils ont subi des visites médico-sociales. Le privilège a été accordé aux femmes enceintes puis aux femmes ayant des bébés en main. L'Union Européenne a mis à la disposition de chacun la somme de 65.000 FCFA pour leur insertion», témoigne .

L'OIM organise régulièrement des opérations de retour de migrants africains coincés en Libye. Des vols sont affrétés régulièrement. Outre le retour de Camerounais, l'OIM a rapatrié cette semaine des Ivoiriens.

Au total, près de 10 000 migrants ont accepté l'offre de vols de rapatriement depuis la Libye cette année, dépassant les attentes, en partie parce que les patrouilles de garde-côtes ont rendu plus difficile la traversée de la Méditerranée. «Nous visons des vols à destination de 12 000 migrants cette année, après seulement 2 000 l'année dernière», a déclaré Federico Soda, de l'OIM. On estime qu'environ un million de migrants clandestins se trouveraient en Libye, ce qui attirait les travailleurs étrangers avant le renversement du colonel Kadhafi en 2011.

France Info

 

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