France: après l'acte IV, les «gilets jaunes» attendent les annonces de l'Elysée

09 - Décembre - 2018

L’acte IV des « gilets jaunes » s'est déroulé samedi 8 décembre dans un climat tendu, avec des incidents et des dégradations, mais en proportion moindre qu'il y a une semaine. Pour l'exécutif, l’enjeu principal de cette journée était d’éviter un nouveau chaos dans les rues. Édouard Philippe a salué les résultats du dispositif mis en œuvre par les forces de l'ordre et a essayé de préparer le terrain pour l'intervention d'Emmanuel Macron attendue en début de semaine.

Après le quatrième samedi de manifestation des « gilets jaunes », tous les regards se tournent vers l'Élysée. Le chef de l'État n'a pas prononcé un mot publiquement depuis son retour du G20 en Argentine il y a une semaine. Il va désormais jouer sa dernière carte et il n'a pas le droit à l'erreur.

La stratégie adoptée ces derniers jours a consisté à mettre Edouard Philippe en première ligne. C'est le Premier ministre qui a fait des annonces sur les taxes, qui a rencontré les chefs de partis, les « gilets jaunes », qui a géré le dispositif de sécurité et en a fait le bilan. Cette stratégie visait à protéger un chef de l'État cible de toutes les critiques, dans l'attente de son intervention face aux Français.

« Le temps du dialogue est là », a estimé Edouard Philippe au terme d’une visite à Beauvau en fin de journée. Le président « s'exprimera » - peut-être lundi - et « il lui appartiendra de proposer les mesures » pour permettre « à l'ensemble de la nation française de se retrouver et d'être à la hauteur des enjeux », a indiqué Edouard Philippe. « Il faut désormais retisser l'unité nationale », a-t-il ajouté.

Le président Macron « va évidemment faire des annonces importantes », déclarait ce dimanche matin Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement sur la chaîne LCI.

L’exercice s’annonce périlleux pour celui qui apparait comme « le président des riches » et auquel les « gilets jaunes » demandent ni plus ni moins que de changer de politique.

Dispositif exceptionnel

Mais avant même d'entamer le cycle de négociations proposé par le chef de l'État et les annonces d'Emmanuel Macron, le premier impératif pour l’exécutif était d'éviter un nouveau chaos samedi. Pour y parvenir, le pouvoir a changé le dispositif de maintien de l'ordre sur le terrain en démultipliant les moyens. Cela n'a pas empêché des heurts, des dégradations et des tensions mais a permis de mieux maitriser la situation.

Un dispositif exceptionnel avait été prévu, avec 89 000 membres des forces de l'ordre déployés sur l'ensemble du territoire, dont 8 000 à Paris appuyés par 14 véhicules blindés à roue, déployés pour la première fois de leur histoire dans la capitale. Les contrôles avaient été multipliés en amont des rassemblements, ce qui a permis d'arrêter préventivement un grand nombre d'agitateurs aguerris.

Ensuite et tout au long de la journée, les CRS et les gendarmes mobiles, appuyés pour la première fois par des blindés à roue, ont fait mouvement dans Paris, repoussant systématiquement les groupements de manifestants. Parallèlement, les policiers des Brigades anti-criminalités et de la BRI sont allés au contact pour interpeller les casseurs et les isoler des manifestants plus pacifistes. Une manœuvre conjointe, changement notable dans la façon d'engager les forces de l'ordre et qui a fonctionné, puisque ni mort ni blessés graves ne sont à déplorer

Près de 2 000 personnes ont été interpellées au total dans le pays. Quelque 1 700 gardes à vue ont été enregistrées. La grande majorité concernait Paris avec 1 082 interpellations, notamment des personnes arrêtées avec sur eux des masses, des marteaux, des boules de pétanque. Sur les 900 gardes à vue, 500 étaient toujours en cours dimanche matin, a précisé le Parquet de Paris et 108 individus ont été déférés.

Interrogé sur le profil des personnes en garde à vue, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet a expliqué sur France Inter que « dans les personnes placées en garde à vue à Paris, on observe qu’il y a 80% des personnes qui viennent de province ». « Par ailleurs dans ce qui était observé la semaine dernière, il y a des gens qui n’ont pas le profil de casseurs au sens de ceux qui viennent pour détruire. Mais toutes les gardes à vue ne sont pas traitées. Et ce sont surtout les gens arrêtés le soir, souvent, qui sont plutôt venus là pour casser. »

Selon un bilan national provisoire de la direction générale de la Santé, « 179 personnes blessées ont été prises en charge sur tout le territoire par les équipes médicales des hôpitaux ». « À toutes les forces de l'ordre mobilisées aujourd'hui, merci pour le courage et l'exceptionnel professionnalisme dont vous avez fait preuve », a tweeté en fin de soirée le président de la République

RFI

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