ÉLECTIONS AU SENEGAL : UNE POULE N’Y RETROUVERAIT PAS SES POUSSINS ! (PAR IBRAHIMA THIAM)

12 - Mars - 2024

On dit des films de mauvaise qualité qu’ils relèvent de la série B et ce qu’est en train de vivre le Sénégal est également une production politique de série B. Songez en effet que le Conseil constitutionnel vient de valider la date du 24 mars prochain, pour le premier tour des élections présidentielles, ce qui ne laisse que treize jours aux dix-neuf candidats pour faire campagne, alors que le Code électoral, dans son article 129, stipule que vingt-et-un jours sont normalement prévus. C’est donc une violation manifeste de la loi. Question : Quel recours a-t-on quand les magistrats chargés de dire le droit constitutionnel ne respectent pas les dispositions légales ? Il n’y a qu’au Sénégal qu’on voit cela, et il n’y a pas lieu d’en être fier !
Deuxième anomalie et non des moindres : Le chef de l’État, Macky Sall a choisi la date du 24 mars pour le premier tour des présidentielles, sauf que le conseil constitutionnel, (avec qui il a engagé une partie de bras de fer depuis quelques temps) avait fixé la consultation électorale au 31 … Le hic c’est que cette décision de rectification de la date rendue publique par un communiqué émanant de la volonté de son seul président et non d’un vote à la majorité des sept magistrats qui composent le conseil. Cherchez l’erreur. Question : Comment sortir d’un tel imbroglio qu’aucun étudiant en licence de droit n’aurait jamais osé imaginer ?
Déjà, plusieurs personnalités envisagent de saisir la Cour suprême, qui réunit dans une même collégialité « Cour de cassation et Conseil d’Etat », une cour qui, à défaut de « dire la constitution », dit « le droit ». Je souhaite bonne chance à mes compatriotes qui n’ont pas fréquenté les bancs de la faculté de droit pour s’y retrouver. Va-t-on à l’avenir devoir exiger des électeurs qu’ils aient des connaissances juridiques ? La situation est si confuse qu’une chatte n’y retrouverait pas ses chatons et qu’une poule n’y retrouverait pas ses poussins. Il faut dire que Macky Sall n’est pas un coq de l’année !
Au-delà de ces violations répétées de la loi, on retiendra aussi que cette élection 2024 ne laissera pas de grands souvenirs, quelle que soit l’issue du scrutin prochain. On retiendra néanmoins que Karim Wade et Ousmane Sonko ont été déclarés hors-jeu, deux acteurs majeurs qui pouvaient prétendre disputer le poste de la magistrature suprême, dont le second est à ce jour en prison dans l’attente de bénéficier d’une grâce présidentielle. On retiendra aussi l’usine à gaz à propos des parrainages, dont la CEDEAO avait déjà dit qu’ils provoqueraient plus de problèmes qu’ils n’offriraient de solutions. On se souviendra aussi de candidats écartés de la consultation électorale au motif d’une double nationalité quand d’autres étaient sélectionnés pour … le même motif.
En résumé, tant sur le plan national qu’international, notre pays, ne sort pas grandi politiquement et cela parce qu’un homme, hier chef d’Etat, s’est transformé soudainement en aventurier. Je souhaite beaucoup de courage à son successeur pour redresser cette image ternie afin que le Sénégal retrouve sur la scène internationale et nationale l’image respectueuse dont il jouissait depuis plus de soixante ans jusqu’à ces avatars indignes de la grande démocratie qui est la nôtre.

Ibrahima Thiam
Président du mouvement Un Autre Avenir
Membre de la coalition Alliance Sénégal 2024

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

20 - Mai - 2025

Ousmane Sonko livre sa position sur l’AES et la CEDEAO: « Notre zone est condamnée à vivre ensemble… »

Lors de l'entretien, accordé à la Radiodiffusion Télévision du Burkina (RTB), le premier ministre Ousmane Sonko a livré une analyse sans détour sur la...

20 - Mai - 2025

Ousmane Sonko appelle à l’union des panafricanistes pour la libération de l’Afrique

Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a lancé un vibrant appel à l’unité des panafricanistes et des souverainistes africains lors d’un...

19 - Mai - 2025

Dialogue national : le PIT dénonce une démarche floue mais accepte de participer par devoir républicain

Le Bureau Politique (BP) du Parti de l'Indépendance et du Travail (PIT) s'est réuni le dimanche 18 mai 2025. Au cours de cette session, le Bureau Politique a examiné en...

19 - Mai - 2025

Anta Babacar Ngom quitte le FDR avec armes et bagages

En pleine tournée de proximité dans la région de Kaffrine, Anta Babacar Ngom, présidente du parti Alternative pour la Relève Citoyenne (ARC), a surpris en...

19 - Mai - 2025

Dialogue national : Amadou Ba confirme sa participation

La formation politique Nouvelle Responsabilité (NR) dirigée par Amadou Ba, arrivé deuxième à la dernière présidentielle, a annoncé, dans un...