La crise sociale chez le soninké du Mali et de la Mauritanie : un sujet inévitable actuellement

06 - Novembre - 2018

Le mouvement « gambané » a le mérite d’avoir ouvert le débat sur la question de l’esclavage chez les soninkés précisément dans le guidimaxa du Mali et de la Mauritanie. Un sujet qui fait peur à beaucoup d’intellectuels et religieux soninkés car la majorité d’entre eux avait essayé de nier les pratiques esclavagistes dans la société soninké. Ils sont aujourd’hui attrapés par le temps et la révolte des descendants d’esclaves qui sont considérés aussi comme des esclaves, elle est d’ autant plus surprenante qu’ils ne savent pas comment en faire face pour trouver une solution. La société soninké est très islamisée mais elle n’a pas pu ou voulu se débarrasser de certaines de ses coutumes ancestrales que le Coran et la Souna prohibent.
Il est vrai que cette partie de la Mauritanie et du Mali est abandonnée par les deux états cités. Elle manque de tout sur tous les domaines. Il n’y a pas d’écoles, de postes de santé et d’infrastructures dignes. Les populations de cette région vivent dans la pauvreté totale. Elles sont pour la plupart analphabètes.IL y a tout ce qu’il faut pour qu’un homme exploite un autre homme. La nature de l’homme soninké ne peut pas évoluer dans ces conditions à l’état sauvage de cette partie du monde. Claude Levis Strauss déclarait : « la culture commence dans la nature mais la nature s’achève dans la culture ».L ‘homme soninké malgré la richesse de sa culture et celle de la religion islamique qu’il a adoptée depuis plusieurs siècles n’arrive toujours pas à se départir de sa nature car il sacralise certaines coutumes ancestrales même si ces dernières sont incompatibles avec sa religion à savoir l’islam. C’est comme si ces pratiques ancestrales étaient plus importantes que la religion musulmane. Nous savons tous que l’islam n’a jamais encouragé l’esclavagisme et la condition qu’il faut pour qu’un homme soit l’esclave d’un autre homme n’existe plus sur le plan islamique.

Nous ne pouvons plus éviter ce sujet. Nous devons en parler pour que cette crise prenne fin car chaque jour qui passe cette partie du monde peut s’embraser. A Modibougou, village Mauritanien (région d’Aioun Al Trouss), frontalier du Mali, les esclavagistes Diawara du Kingui, ont franchi la frontière pour provoquer des affrontements entre suppôts locaux et les paisibles citoyens du mouvement « gambané ». La crise peut s’empirer dans la partie malienne de cette région car le régime féodal soninké est devenu de plus en plus agressif et violent. Les Diawara ont ligoté et battu jusqu’au sang un certain Kandé Konaté qui refuse son statut d’esclave en le filmant et en envoyant les images au monde entier sans aucune crainte à kherwané, village Malien, déclarant que les autorités Maliennes ne peuvent rien faire pour les en empêcher. Dans le cercle du Nioro, des hommes et des femmes sont contraints aux travaux forcés pour ne pas être lynchés par des villages entiers.
A Daffort, commune Mauritanienne, les féodaux et leurs marabouts coutumiers sont allés jusqu’à se mettre d’ accord pour que ces derniers ne dirigent ni n’assistent aux prières mortuaires des morts de ceux qui refusent d’être des esclaves. C’est terrible, même les morts ne sont pas épargnés.

Nous devons aujourd’hui analyser et débattre de ce sujet pour éviter l’éclatement des villages entiers. Il n’est plus possible d’en faire un sujet tabou car les conflits sont entrain de ravager la société soninké. Il est grand temps que la jeunesse soninké prenne ses responsabilités pour trouver des solutions pour que notre société sorte de cette situation très dure et difficile. A force de ne pas vouloir parler de ce sujet, nos intellectuels, nos savants, bref tous nos ainés ne nous ont pas facilité le travail.
Ils sont les seuls responsables, soit par leur complicité avec l’ordre féodalo-esclavagiste soninké, soit par leur manque de courage d’affronter ce sujet. Sinon ils ont manqué de vision car nous savons tous que tous les opprimés finirons toujours par réclamer l’égalité et la liberté. Ils ont préféré plutôt jouer les ambiguïtés avec l’ordre régnant.
La manifestation du 3 novembre 2018, de « gambanaxu » à Paris doit interpeler toute la jeunesse soninké d’ici et d’ ailleurs sans exception. Elle montre la force et la ténacité de ce mouvement, ses membres ne sont pas prêts à baisser les bras.
Je partage l’idée et la vision de ce mouvement mais je pense que ses dirigeants doivent étudier la situation de chaque village avant d’essayer de s’y installer.
Les descendants d’esclaves des villages soninkés Sénégalais ont réussi certains acquis après une lutte très violente et préfèrent conserver ces derniers. Ils sont totalement libres, ils travaillent aujourd’hui sur la démocratisation totale de la société soninké. Ce n’est pas facile car il y’a encore beaucoup de gens qui continuent de vivre avec des idées moyenâgeuses.
Ceux des villages Mauritaniens, il y’a encore un long chemin à parcourir avec l’aide leur état, ils vont réussir leur combat.
Quant à des villages Maliens, le chemin est très épineux car on se croirait au moyen âge et l’état malien ne prend pas ses responsabilités.

En définitive, je pense que les soninkés doivent privilégier le dialogue de façon ferme pour conserver l’unité. Tout combat s’achève par un dialogue mais aucune société ne peut avoir la paix tant qu’il y’a de l’injustice .Tous les soninkés doivent travailler pour mettre fin à toutes ces pratiques inhumaines et humiliantes. L’exploitation d’un homme par un autre homme est intolérable et inacceptable.

SAMBA MAHAMADOU alias BIRANTE SIDIBE
EX PROFESSEUR DE LANGUES GPECS DAKAR

 

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