Le pape François est mort à l'âge de 88 ans
Un chapitre de l'histoire de l'Eglise catholique se referme. Le pape François est mort lundi 21 avril dans la matinée, à l'âge de 88 ans, a annoncé le Vatican. Il avait été hospitalisé à Rome pour une bronchite, mi-février. Le pontife argentin avait connu divers problèmes de santé ces dernières années : douleurs au genou et à la hanche, inflammation du côlon, opération pour une hernie… Depuis 2022, il ne se déplaçait plus qu'avec une canne ou en fauteuil roulant.
Des quartiers populaires de Buenos Aires au palais du Vatican, le chemin était loin d'être évident. "Il semble que les cardinaux sont allés me chercher au bout du monde", sourit le nouveau pape François au soir du 13 mars 2013. Tout juste élu par le conclave, Jorge Mario Bergoglio, ancien archevêque de la capitale argentine, adresse à la foule de fidèles rassemblés les premiers mots de son pontificat. Au balcon de la basilique Saint-Pierre, l'ancien pasteur de terrain, qui n'a pas fait carrière à Rome, apparaît dépourvu d'ornements liturgiques, rompant avec la pompe vaticane.
Son élection crée la surprise, prenant de court les journalistes présents, ainsi que les observateurs de son pays d'origine. Car si le souriant cardinal argentin, au franc-parler notoire, était pressenti lors du conclave de 2005, il ne figurait pas cette fois parmi les favoris. Agé de 77 ans, il traîne derrière lui un passé sujet à controverses, qui ne tarde pas à ressurgir après son élection.
Né le 17 décembre 1936 à Buenos Aires de parents italiens, Jorge Mario Bergoglio passe l'essentiel de sa vie en Argentine. C'est là que va se jouer sa carrière ecclésiastique à partir de 1958, quand il s'engage dans la congrégation des jésuites, en tant que novice. Le jeune homme a alors la vingtaine, une petite amie, Amalia, et pense au mariage. Mais l'appel de la vocation, qui le trouve dans un confessionnal, change le cours de sa vie. Dans les années qui suivent, Jorge prononce ses vœux définitifs. Il est ordonné prêtre et commence à gravir les échelons au sein de sa congrégation. En 1976, quand le commandant en chef de l'armée de terre argentine, Jorge Rafael Videla, renverse la présidente Isabel Perón, il occupe le poste de supérieur provincial des jésuites de Buenos Aires.
Une dictature militaire est instaurée et s'étire sur près de sept ans. Pendant ces années sombres, plus de 30 000 personnes disparaissent, selon les historiens. Et la "guerre sale" n'épargne pas les prêtres : plusieurs sont kidnappés, torturés et assassinés par les militaires. Jorge Mario Bergoglio échappe à toute persécution. Il sera accusé des années plus tard d'avoir collaboré avec le général Videla. D'autres voix lui reprochent d'avoir fermé les yeux sur le scandale des enfants volés. Le cardinal Bergoglio démentira ces accusations et affirmera avoir fait son possible pour sauver des vies, notamment en ayant caché plusieurs personnes. Il sera entendu sur ces dossiers par la justice argentine et blanchi.
Eloigné d'Argentine par sa hiérarchie après la dictature, Jorge Mario Bergoglio finit par y revenir et s'impose comme une figure populaire. Le prélat ravit le cœur des fidèles avec ses yeux rieurs, sa figure sympathique et sa simplicité apparente. "C'est quelqu'un de profondément spirituel, d'une grande humanité, qui a les pieds sur terre et ne s'enferme pas dans un bureau, mais sort jusqu'aux périphéries", détaille la journaliste argentine Elisabetta Piqué, autrice d'une biographie du pape, dans Le Figaro(Nouvelle fenêtre). Devenu archevêque en 1998, puis cardinal en 2001, il continue d'emprunter les bus de la capitale argentine pour se rendre dans les quartiers défavorisés à la rencontre des plus pauvres.