Lutte contre la corruption : Le gouvernement muscle son arsenal

31 - Juillet - 2025

Le gouvernement sénégalais vient de franchir une étape importante dans sa volonté affichée de lutter contre la corruption, la fraude et l’enrichissement illicite.

Réuni le mercredi 30 juillet 2025, le Conseil des ministres a adopté deux projets de loi majeurs : l’un portant l’Office national de lutte contre la corruption, l’autre établissant le statut et la protection des lanceurs d’alerte. Deux textes qui traduisent, dans les faits, l’engagement pris par le Premier ministre Ousmane Sonko devant les députés le 14 avril 2025.

Une refondation en profondeur de l’OFNAC
La réforme de l’OFNAC était annoncé par le Premier ministre lors de son passage à l’hémicyle le 14 avril 2025. Bien que la loi du 9 février 2024 ait renforcé le cadre juridique de l’organe de contrôle, son application était suspendue à un décret d’application. Les nouvelles autorités font le choix d’aller plus loin : refonder l’OFNAC sur des bases institutionnelles solides, en révisant sa composition et son mode de désignation.

Invité dans l’émission Point de Vue sur la RTS du 18 mai 2025, le professeur Sidy Alpha Ndiaye, ministre-conseiller juridique et directeur de cabinet adjoint du président de la République, avait décliné les contours de la future réforme. « Tous les membres de l’OFNAC seront désormais désignés à travers un appel à candidature, comme cela a été récemment le cas pour le collège de l’ARTP », a-t-il indiqué.

Cette démarche indique-t-il, vise à introduire plus de transparence, à rompre avec les pratiques de cooptation, et à restaurer la confiance des citoyens dans les mécanismes de régulation. Si elle est adoptée par l’Assemblée nationale, la nouvelle loi marquera une avancée démocratique majeure.

Vers un statut clair pour les lanceurs d’alerte
L’autre grand chantier adopté lors du Conseil des ministres du 30 juillet concerne les lanceurs d’alerte. Répondant à une demande exprimée par le président Bassirou Diomaye Faye dès le 17 avril 2024, ce projet de loi définit un cadre juridique clair pour ces acteurs souvent essentiels dans la révélation de faits graves.

Le texte précisera le statut du lanceur d’alerte, distinct des journalistes ou militants, et encadre ses droits et devoirs. Il metra en place des dispositifs de protection contre les représailles, incluant des canaux de signalement sécurisés, la confidentialité des identités, ainsi que des mesures d’appui moral, juridique et financier.

La société civile, notamment la PPLAAF (Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique), salue cette réforme attendue de longue date. Elle permettra à ceux qui dénoncent les malversations au sein de leurs organisations de le faire en toute sécurité et dans le respect de la loi.

Une volonté politique affirmée
Ces deux projets de loi confirment la volonté claire et assumée du président Bassirou Diomaye Faye de bâtir un État éthique, transparent et responsable. Ils traduisent également l’ambition du Premier ministre Ousmane Sonko d’instaurer une gouvernance fondée sur l’exemplarité et la rigueur.

Et si l’on y ajoute les deux autres projets de loi – relatifs à la déclaration de patrimoine et à l’accès à l’information – également examinés et adoptés lors de ce même Conseil des ministres, ce sont au total quatre projets de loi, que le pouvoir de Bassirou Diomaye Faye vient de valider en faveur de la transparence et de la bonne gouvernance.

Dans un contexte où la corruption reste un mal profond qui mine les finances publiques et freine le développement, le Sénégal envoie un signal fort à ses citoyens et à ses partenaires : l’impunité ne sera plus tolérée. Désormais, les outils juridiques sont en place pour renforcer les contrôles, protéger les citoyens courageux et assainir durablement la gestion publique.

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