MESSIEURS ET MESDAMES LES MANDARINS DE LA PASTÉFIE VOUS AVEZ TOUT FAUX ! (PAR BEN YAHYA SY)
Le gouvernement sénégalais a décidé de lever 300 milliards sur le marché financier et le premier ministre Ousmane Sonko a fait l’annonce lors du meeting pompeusement appelé présentation du PRES à la diaspora européenne le 13 septembre dernier en Italie en parlant de Diaspora Bonds.
De prime abord, il convient de se poser la question sur l’instrument financier ou le référentiel des politiques publiques du Sénégal depuis mars 2024 entre DPG, LFR, LFI et PRES comme l’a évoqué l’honorable député Mme Aissata Tall Sall en séance plénière de l’Assemblée nationale.
La diaspora qui aiguise tant d’appétit est un terme qui vient du grec spiro qui signifie « je sème » pour désigner des populations pas forcément chassées de leur pays et qui gardent des liens affectifs, culturels, économiques et politiques par-delà les frontières.
Pour la diaspora sénégalaise, son rôle crucial et son poids financier ne sont plus à démontrer avec 1818 milliards de francs cfa envoyés en 2023 soit une augmentation de 8% par rapport à l’année précédente.
Cette diaspora, 15 ème région, théorisée et mise en place par SEM Macky Sall a vu les circonscriptions consulaires dirigées par des Sénégalais issus de la Diaspora, un rééquilibrage de carte diplomatique et consulaire et le recrutement d’agents sur place pour avoir une administration consulaire de proximité.
Cette diaspora civile, associative et entrepreneuriale attire également la convoitise des pays d’accueil aussi bien au niveau des envois que de son épargne à travers les caisses de solidarité villageoises, les tontines, les dahiras, les PEL, les livrets d’épargne dans les banques et autres circuits.
Ce n’est pour rien que l’immigration est devenue est un thème central lors des élections dans beaucoup de pays de l’Union européenne et celle-ci à travers des dispositifs comme Frontex cherche à avoir la mainmise sur le phénomène au niveau des pays ou zones d’émigration.
Les nouvelles autorités doivent savoir que toute démarche qui n’est pas basée sur la co-construction est vouée à l’échec.
Prendre la diaspora juste pour une vache laitière, c’est oublié qu’il y a des plaies qui ne se sont toujours pas cicatrisées à l’instar des actions de la défunte BNDS. Depuis lors, la confiance a été rompue et les ponts n’ont pas été complètement rétablis. La diaspora demande son implication pleine et entière dans notre devenir national et notre prospérité partagée si tel est la volonté des nouvelles autorités.
Pour cela, il est impératif d’avoir des libellés clairs, nets et précis dans les opérations lancées car un Appel Public à l’Épargne (APE) est différent des Diaspora Bonds (DB). La BHS avait lancé en juillet 2019 des Diaspora Bonds, donc ce qu’on veut nous vendre comme un mécanisme innovant ne l’est point.
Aussi comme le pensent beaucoup d’observateurs, le Ministre des Finances et du Budget en mélangeant 2 concepts différents, cherche-t-il à anticiper un éventuel échec des diaspora bonds ?
Idem pour la Banque de la Diaspora qui est déjà un machin mort-né car une banque pour la diaspora sans la diaspora est une grosse escroquerie tout bonnement.
La diaspora dans son ensemble a connu de profondes mutations avec des acteurs plus exigeants car plus outillés et connectés en temps réel avec le terroir d’origine et constate de manière flagrante une garrulité entre une Présidence qui se cherche, une Primature en campagne électorale et une Direction Générale des Sénégalais de l’Extérieur qui tâtonne.
Appel Public à l’Épargne ou Diaspora Bonds, il faut savoir ce que vous voulez et arrêtez de nous raconter des coquecigrues.
Ben Yahya SY
Coordinateur adjoint Convergence des Cadres Républicains de France
Spécialiste en Diplomatie économique