Situation économique catastrophique du Sénégal : L’expert financier Mohamed Dia accuse le régime de Macky d'avoir saboté le logiciel du ministère des Finances
La situation financière héritée des douze ans de pouvoir du président Macky Sall et son lot de conséquences continue d’alimenter les débats. Manœuvres budgétaires frauduleuses, dettes cachées… Le retour de bâton est très violent pour le nouveau régime qui, accablé par l’effondrement de sa note souveraine, n’a plus aucune marge de manœuvre.
Une situation que l’expert financier, Mohamed Dia avait déjà prédit pour avoir longtemps tiré la sonnette d’alarme. Invité de l’émission "Objection" de ce dimanche sur Sud Fm, le consultant bancaire basé aux États-Unis, qui travaille avec les agences de notation, dévoile le mode opératoire ayant permis à l’ancien régime de dissimuler une dette aussi importante estimée à 7 milliards de dollars (4 000 milliards F CFA) réévaluée à 119 % du PIB.
« J’étais assis ici et j’avais prédit que les deux premières années de Diomaye allaient être très compliquées. J’aurais voulu avoir tort, mais je savais que je n’allais pas avoir tort à cause de l’état des finances publiques et de ce qui s’est passé pendant les douze ans de Macky Sall », déclare l’expert financier. Selon lui, à cause des manœuvres budgétaires insuffisantes, la dette, l’effectif de la fonction publique, « tous les signaux étaient déjà au rouge, donc c’était prévisible ».
Sous Wade aussi les chiffres étaient maquillés
Concernant la dette cachée, Mohamed Dia souligne qu’il s’agit d’une pratique aussi vieille que la première alternance démocratique au Sénégal. En effet, pour en saisir les contours, il faut, à l’en croire, « retourner depuis la fin de règne d'Abdoulaye Wade ».
« Quand Abdoulaye Wade quittait le pouvoir, dit-il, on avait sous-estimé la dette. C’est cela qu’on appelle le maquillage des chiffres. On se rappelle qu’à la fin, le régime d'Abdoulaye Wade avait même des problèmes pour aller dans le marché financier international ». « Si je ne reste pas au pouvoir, le Sénégal ne pourrait plus payer les salaires des fonctionnaires dans un délai de deux mois », avait d’ailleurs déclaré le "Pape du Sopi", à la veille de l’élection présidentielle de 2012.
« Quand Macky Sall est arrivé au pouvoir, il avait trouvé un déficit beaucoup plus large que ce qui a été annoncé. Lui aussi avait un énorme problème les deux premières années. Il avait mis en place le Yonnu Yokkuté, mais n’avait pas un programme avec le FMI et ne pouvait donc pas aller sur le marché financier international. Il a fallu tout revoir et enfin signé avec le FMI et c’est là que le PSE est venu », raconte-t-il.
« Le régime de Sall a saboté le logiciel du ministère des Finances »
Seulement, l’ancien président n’a pu bien tirer profit de cette nouvelle opportunité avec des voyants totalement au vert. « Quand ce nouveau programme est venu, il y avait de l’argent en abondance parce que le déficit budgétaire était revenu à 3% et la dette à 65%. Donc il s’est endetté massivement durant le premier mandat », souligne M. Dia. Mais les investissements qui ont suivi, ont accouché « des éléphants blancs ».
« La première phase du PSE aurait dû être la seconde et la seconde la première. Il fallait insister sur le capital humain d’abord avant d’ériger des éléphants blancs. Des milliards de francs CFA ont été investis dans des projets sans retour sur investissement », regrette l’expert financier qui avait alerté à l’époque dans un article intitulé : ‘’Le plan d’investissement de Macky Sall va envoyer le Sénégal droit dans le mur’’.
Ainsi, ajoute M. Dia, après un premier mandat de « bamboula », « les crises se sont succédé et on ne pouvait pas s’endetter ». Le gouvernement de Macky Sall a donc maquillé les chiffres pour pouvoir s'endetter. Le procédé ? « Ils ont saboté le logiciel du gouvernement logé au ministère des Finances, pour cacher certaines dépenses », révèle l’expert qui confie que des « des agents du ministère des Finances ont soufflé certaines pratiques au FMI ».