Bonne nouvelle pour les professionnels de la filière banane du Sénégal : L'Arm suspend les importations pour leur permettre d'écouler leurs productions
L’Agence de régulation des marchés (Arm) a annoncé, par circulaire datée du 1er septembre 2025, la suspension des importations de bananes au Sénégal. Cette décision vise à favoriser l’écoulement de la production locale, estimée, cette année, à 112.000 tonnes, contre des besoins annuels évalués à environ 130.000 tonnes. Jusqu’ici, près de 50.000 tonnes provenaient de la Côte d’Ivoire.
C’est inédit dans l’histoire de la filière banane. Pour la toute première fois, ce secteur fait l’objet d’une régulation décidée par l’Agence de régulation des marchés (Arm). Dans une circulaire datée du 1er septembre 2025, l’Agence annonce, en effet, la suspension des importations de bananes pour l’année en cours. Elle justifie ce choix par la volonté des autorités de réduire la dépendance aux importations et de renforcer la souveraineté alimentaire. La décision s’inscrit dans l’Agenda Sénégal 2050, qui prévoit l’autosuffisance en bananes à l’horizon 2029. Cette décision n’est pas tombée du ciel. Un comité de pilotage, réunissant producteurs et commerçants importateurs, l’a validée à la mi-août à travers un protocole d’accord et un cahier des charges qui l’encadre. D’ailleurs, informe l’Arm dans sa note, un comité de suivi se réunira chaque semaine pour évaluer l’approvisionnement du marché et éviter toute rupture. « Soutenir les producteurs locaux » Interrogé sur les motivations de ce gel, le directeur général de l’Arm, Babacar Sembène, souligne que « cette mesure est prise pour aider nos producteurs, qui sont près de 8.000 dans la filière, à mieux écouler leurs récoltes ».
Selon lui, la surabondance de bananes importées, souvent plus prisées des consommateurs, fragilisait les revenus des acteurs locaux. Avec une production nationale de 112.000 tonnes prévue en 2025, contre des besoins évalués à 130.000 tonnes, l’écart reste limité. « En moyenne, la demande est de 300 tonnes par jour. Grâce au dispositif de suivi, nous pensons pouvoir satisfaire le marché », rassure-t-il. Impact sur les prix Au-delà de l’approvisionnement, la question des prix est également au cœur des préoccupations. La banane importée se vendait jusqu’ici autour de 1 000 FCfa le kilo pour le consommateur final. L’Arm affirme avoir travaillé à une baisse des prix grâce à la filière locale : le kilo livré aux grossistes devrait tourner autour de 450 FCfa, ce qui permettrait d’afficher un prix en détail ne dépassant pas 800 FCfa. « Si nous parvenons à passer de 1 000 à 800 FCfa le kilo, c’est déjà une victoire pour le consommateur », estime M. Sembène.
Pour soutenir la filière, l’Arm a identifié les infrastructures de stockage et de distribution disponibles, notamment au Marché d’intérêt national de Diamniadio, où une chambre froide de 700 tonnes a été mobilisée. Ce dispositif doit permettre aux détaillants de s’approvisionner facilement et de sécuriser la chaîne de distribution, indispensable pour un produit aussi périssable que la banane. Cette suspension s’inscrit dans une politique plus large de réduction des importations agricoles. « Rien que pour les produits comme l’oignon, la pomme de terre, le riz ou la carotte, le Sénégal dépense près de 500 milliards de FCfa par an », rappelle le directeur de l’Arm. La banane n’est qu’un volet de cette stratégie, mais un volet jugé crucial pour améliorer la balance commerciale et soutenir les producteurs locaux.