FRANCE : BEAUCOUP D’ENSEIGNANTS VELEUNT QUITTER LE NAVIRE DE L’EDUCATION NATIONALE
"C’est l’hécatombe: nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir quitter le navire de l’Éducation nationale" , explique Olivier, Il déplore des conditions de travail devenues de plus en plus difficiles, et des salaires parmi les plus bas d'Europe qui stagnent malgré l'inflation.
"On reçoit des injonctions contradictoires et, sur le terrain, c’est 'débrouillez-vous'. Les emplois du temps arrivent à la dernière minute... jusque-là, on faisait avec, tant que le système tenait à peu près debout. Mais aujourd’hui, c’est de plus en plus compliqué. J’ai passé tout l’été à refaire mes cours, et voilà qu’on change encore de ministère".
C'est la raison pour laquelle à la veille de sa 10e pré-rentrée, Christophe ne fait pas que préparer ses cours pour ses futurs élèves: cette année, ce professeur d'histoire-géographie a aussi envoyé son CV dans l'espoir de quitter l'Éducation nationale. "Je me sens de plus en plus submergé par la complexité de ce qui nous est demandé", confie ce professeur de 45 ans, qui cette année encore, ne va pas retrouver les bancs de l'école "la fleur au fusil".
Dans l'enseignement du premier comme dans celui du second degré, le professeur d'histoire-géographie à Péronne est loin d'être un cas isolé. Une enquête réalisée par le Syndicat des enseignants–Union nationale des syndicats autonomes (SE-Unsa) révélait vendredi qu'un professeur sur trois souhaiterait quitter l'enseignement public, et un enseignant sur deux voudrait changer de métier.
Un désarroi renforcé par l’évolution des relations avec les élèves et leurs familles. "Le prof-bashing (dénigrement systématique des profs, qui s'est développé ces dernières années) est devenu un véritable problème et l’ingérence des familles dans le parcours éducatif est de plus en plus prégnante. Cela pose énormément de difficultés", soupire Christophe, anxieux à l’idée de devoir affronter tous les “à-côtés” de la salle de classe.
"L’an dernier, j’ai par exemple eu des échanges de mails très passifs-agressifs avec des parents d’élèves, souvent pour des broutilles: une mauvaise note contestée, un comportement pointé du doigt et immédiatement remis en cause. C’est extrêmement chronophage et on se retrouve généralement tout seul. Humainement et personnellement, la direction comprend le problème, mais l’institution, elle, reste marmoréenne et ne bouge pas".
Avec BFM