INTERDIRE LE TELEPHONE PORTABLE A L’ECOLE : UN AVEU DE DEMISSION FACE AU NUMERIQUE

26 - Septembre - 2025

L’école sénégalaise se trouve face à un défi historique : préparer nos enfants et nos jeunes au monde de demain. Un monde où le numérique et l’intelligence artificielle ne sont plus des options, mais des réalités incontournables. Dans ce contexte, décider d’interdire purement et simplement le téléphone portable à l’école relève moins d’une orientation éducative que d’un aveu de démission.
Une réponse simpliste à un problème complexe
Oui, le téléphone peut distraire. Oui, il peut servir de relais à des pratiques nuisibles comme le cyberharcèlement. Mais doit-on, pour autant, bannir un outil qui concentre dans une poche ce que des générations entières n’ont jamais eu : une bibliothèque mondiale, des applications pédagogiques, des plateformes de formation et, désormais, l’intelligence artificielle ?
Cette interdiction, en vérité, ne résout rien. Les élèves continueront d’utiliser leurs téléphones, mais en dehors de tout cadre éducatif et sans accompagnement critique. C’est la pédagogie de l’autruche : on préfère interdire plutôt qu’apprendre à maîtriser.
Une école en contradiction avec son temps
Comment peut-on, dans un même souffle, vanter une stratégie du numérique pour l’éducation, annoncer la formation de 105 000 enseignants à l’IA, et dans le même temps interdire l’outil qui en est le support le plus accessible ? La contradiction est flagrante. On évoque tablettes et ordinateurs comme alternatives. Mais combien d’écoles au Sénégal en disposent réellement ? Dans nombre de collèges et lycées, le seul lien concret avec le numérique reste le téléphone des élèves. Le supprimer, c’est accentuer l’injustice numérique entre ceux qui ont accès aux infrastructures et ceux qui en sont privés.
Former des citoyens critiques, pas des usagers passifs
Interdire le téléphone à l’école, ce n’est pas protéger les élèves, c’est les infantiliser. L’école devrait être le lieu où l’on apprend à utiliser ces outils intelligemment, à développer l’esprit critique face aux contenus en ligne, à mobiliser l’IA comme un levier d’apprentissage et non comme une distraction. À force de vouloir "protéger", on finit par priver : priver les jeunes d’opportunités, priver les enseignants de créativité, priver l’école de son rôle d’avant-garde.
Le courage d’une révolution pédagogique
Ce qu’il faut, ce n’est pas bannir, mais encadrer. Former les enseignants, fixer des règles claires, définir des temps et des espaces d’utilisation. Les téléphones doivent devenir des instruments de recherche, de collaboration et d’innovation pédagogique. Exclure ces outils de l’école, c’est condamner notre système éducatif à un retard irréversible.
Cette interdiction est une réponse de facilité. Elle rassure certains parents et enseignants, mais elle affaiblit l’école. Former la jeunesse du XXIᵉ siècle exige du courage, de l’innovation et une vision, pas du repli.
Soreu Malick Diop, Enseignant
Responsable politique ACT Pikine
Membre du bureau politique national

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