Coup d’arrêt à une dérive institutionnelle (Par Soreu Malick)

28 - Juillet - 2025

Dans une démocratie digne de ce nom, la séparation des pouvoirs n’est pas un slogan : c’est un pilier. L’exécutif gouverne, le législatif fait la loi, le judiciaire rend la justice. Chacun reste à sa place, sous l’autorité suprême de la Constitution. Ce principe fondamental vient d’être sérieusement malmené au Sénégal, à travers l’adoption par l’Assemblée nationale d’une loi pour le moins inquiétante : elle entendait donner aux députés le pouvoir de juger les magistrats.
Face à cette tentative de soumettre la justice à l’arbitraire politique, il faut saluer un sursaut républicain : celui du Président de la République qui, au lieu de promulguer cette loi, a préféré la soumettre au Conseil constitutionnel. Et celui-ci, sans ambiguïté, a rappelé ce que tout régime démocratique devrait savoir : on ne soumet pas la justice au pouvoir politique.
Permettre à une majorité parlementaire — par définition changeante, souvent partisane, parfois revancharde — de juger les magistrats, c’est exposer la justice à toutes les dérives. C’est instaurer une pression permanente sur les juges. C’est transformer un contre-pouvoir en instrument aux mains du pouvoir.
Or, le juge ne sert aucun camp. Il ne fait pas de politique. Il dit le droit. Il veille sur nos libertés. Et c’est précisément cette impartialité qui fonde sa légitimité. Une justice soumise devient une justice sélective. Et une justice sélective n’est rien d’autre qu’une injustice institutionnalisée.
En censurant cette loi, le Conseil constitutionnel a fait plus que rejeter un texte. Il a mis un frein à une dérive. Il a rappelé que la République, ce ne sont pas seulement des institutions, ce sont aussi des principes. Et que lorsqu’on tente de les piétiner, il existe encore des remparts.
Nous devons tirer les leçons de cette tentative. La séparation des pouvoirs ne se négocie pas. L’indépendance de la justice ne se brade pas. Il en va de la crédibilité de notre démocratie, et de la confiance des citoyens envers les institutions.
La justice doit rester libre. Elle doit rester debout. Elle ne peut être placée sous tutelle politique.
Et tant qu’il restera des femmes et des hommes attachés à l’État de droit, nous continuerons à nous dresser contre toute tentative de captation partisane de la justice.
Soreu Malick, Directeur d’école
Membre du Bureau politique
Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT)

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

12 - Septembre - 2025

RENFORCEMENT DES LIENS BILATÉRAUX : LE PREMIER MINISTRE SONKO REÇU PAR CHEIKH MANSOUR À ABU DHABI

Le Premier ministre Ousmane Sonko a été reçu mercredi à Abu Dhabi par le vice-Président et vice-Premier ministre des Emirats Arabes Unis Cheikh Mansour Bin Zayed...

10 - Septembre - 2025

Mairie de Dakar : passation de service entre Ngoné Mbengue et Abass Fall ce mercredi

Abass Fall, ancien ministre de l’emploi sera officiellement installé dans ses nouvelles fonctions de maire de la ville de Dakar ce mercredi 10 septembre 2025. L'ancien maire par...

10 - Septembre - 2025

Salaires et avantages : Ce que l’Etat "verse" réellement aux ex-ministres

La République ne lâche pas ses ministres au terme de leur fonction. Au contraire, elle les accompagne financièrement durant un semestre, le temps qu'ils se reconnectent...

10 - Septembre - 2025

Passation de service à la mairie de Dakar : L'appel d'Abass Fall pour...

La passation de service entre Ngoné Mbengue, maire intérimaire, et Abass Fall, nouveau maire de la Ville de Dakar, s’est tenue ce mercredi 10 septembre à la mairie de...

10 - Septembre - 2025

SANTE AU SENEGAL: UN DROIT BAFOUE, UNE URGENCE IGNOREE (PAR SOREU MALICK DIOP)

Dans nos hôpitaux, une scène tragiquement banale se répète chaque jour. Un malade arrive, parfois en urgence vitale, parfois simplement en détresse. Mais avant...