Examen du Bac 2025 au Sénégal : L'épreuve de mathématiques au centre d'une vive polémique

04 - Juillet - 2025

L’édition 2025 du baccalauréat sénégalais, et plus particulièrement l’épreuve de mathématiques, suscite une controverse dans le milieu éducatif. Enseignants et élèves dénoncent une série de dysfonctionnements jugés graves, remettant en cause la qualité, l’équité et la pertinence de l’évaluation cette année. Parmi les voix qui s’élèvent, celle d’Amadou Ba, professeur de mathématiques au lycée Alassane Omar Baldé de Kolda, lance un appel sans détour : « Ce que nous venons de vivre est plus qu’un accident. C’est un signal d’alarme. »

Dans une note, l’enseignant s’insurge contre le contenu de l’épreuve, notamment l’exercice n°2, qualifié d’« échec ». Il explique : « L’exercice s’appuyait sur un contenu non seulement non enseigné dans le programme en vigueur (celui de 2006), mais également dépassé par ceux-là mêmes qui l'ont proposé. » Une critique lourde de sens, qui met en cause la conformité même de l’épreuve avec les référentiels officiels.

L’épreuve de la série S1 n’est pas épargnée. « Long, dense et chargé de calculs fastidieux », le sujet serait, selon M. Ba, « plus proche d’un sujet de concours que d’un examen de fin de cycle secondaire ». Une formulation qui en dit long sur le niveau de difficulté perçu, aggravé par des barèmes de notation jugés inadéquats : « Les barèmes laissaient à désirer, ne reflétant ni la complexité réelle des questions ni l’effort intellectuel demandé. »

Mais au-delà de la nature des sujets, c’est le manque de transparence dans la préparation de l’épreuve qui choque le plus. « Aucun avis officiel n’a été transmis aux inspections d’académie ou aux enseignants, alors même que toute modification du programme ou de l’approche pédagogique devrait être notifiée de manière claire et équitable », déplore l’enseignant. Il s’interroge : « À qui s’adresse ce baccalauréat : à des lycéens sénégalais ou à des candidats à une grande école ? »

Dans son analyse, Amadou Ba appelle à une refonte profonde du processus : « Le travail au niveau central doit être repensé avec plus de rigueur, d’écoute et de coordination. » Pour lui, seule une réforme sérieuse permettra de « restaurer la confiance, préserver l’équité et préparer une génération capable de répondre aux défis de demain ».

Un message qui, s’il ne vient que d’un enseignant, semble refléter un malaise plus large. Il est désormais attendu que les autorités éducatives répondent à ces critiques, afin de restaurer la crédibilité du baccalauréat sénégalais, pierre angulaire du système éducatif national.

Commentaires
0 commentaire
Laisser un commentaire
Recopiez les lettres afficher ci-dessous : Image de Contrôle

Autres actualités

22 - Décembre - 2023

"UNE MANIERE POUR LA FRANCE DE DIRE AUX AFRICAINS DE RESTER CHEZ EUX" : AU SENEGAL, L'INQUIETUDE MONTE SUR LA CAUTION POUR LES ETUDIANTS ETRANGERS

Des milliers d'étudiants sénégalais, qui veulent poursuivre leurs études en France, sont concernés par les nouvelles dispositions de la loi immigration...

11 - Décembre - 2023

Appel à la réouverture immédiate de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD)

La presse a relaté le 9 décembre 2023 des propos tenus par le Ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’innovation lors d’un...


08 - Décembre - 2023

La Cosydep veut que l’école soit protégée des perturbations « exogènes »

La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) a appelé les parties prenantes de l’éducation à se...

06 - Décembre - 2023

Redoublement, groupes de niveau, réforme du brevet... Ce qu'il faut retenir des mesures annoncées par Gabriel Attal

Comme les évaluations nationales des élèves de quatrième, le rapport Pisa de l'OCDE, publié mardi, pointe une baisse du niveau des jeunes Français, en...