Le Sénégal veut se positionner sur le nucléaire, selon Abdourahmane Diouf
« Nous voulons faire de l'ITNA le socle et l'emblème du nucléaire au Sénégal ». Cette affirmation est du ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, venu hier à l’UCAD présider la cérémonie d’ouverture du séminaire sur la promotion des applications pacifiques du nucléaire organisé par l’Institut de technologie nucléaire appliquée (ITNA).
Selon le docteur Abdourahmane Diouf, le Sénégal veut se positionner en hub du nucléaire en Afrique francophone dans les années à venir. Un des domaines sur lesquels, selon lui, l’Afrique a toujours montré des complexes, pensant qu’elle ne pouvait pas y arriver, faute d’avoir les mêmes moyens financiers et humains que les autres.
Pour y remédier, le gouvernement travaille sur ce que le ministre appelle les "filières orphelines". Il s’agit de « tous les sujets de demain à propos desquels nous n'avons pas le droit d'être en retrait par rapport au monde occidental ». « Tous ces domaines de la prospective vont être nourris par un financement pour donner des bourses doctorales qui nous permettent dans les prochaines années d'avoir des ressources humaines aux qualités pointues dans ces domaines ».
Abdourahmane Diouf appelle ainsi l’ambassadeur de Corée, parrain de l’évènement et qui travaille déjà avec le ministère sur les ISEP à collaborer étroitement avec le Sénégal afin de renforcer les moyens de l’ITNA. Il s’agit notamment de financement de laboratoires, de salles de classement, mais aussi de transfert de technologie.
Cet appel arrive à point nommé, puisque l’ITNA veut se positionner afin de jouer pleinement sa mission. Mais pour cela, précise son directeur, il faut d’abord changer la perception que l’opinion a de cette technologie. « Avec le nucléaire, la première idée qui vous traverse l'esprit, c'est Hiroshima. Le côté destructeur du nucléaire occulte bien malheureusement le côté utilisateur des technologies qui ont des solutions à beaucoup de questions concrètes dans nos vies », ajoute Oumar Ansatou Niasse.
Ainsi, souligne-t-il, le Sénégal a fait le pari d'utiliser le nucléaire dans son côté utilitaire, c’est-à-dire civil et pacifique. « Aujourd'hui, il est plus qu'urgent d'intégrer le nucléaire dans le contrôle des aliments importés, en l'occurrence le riz, le blé, le lait et les autres produits de grande consommation ». L’ITNA peut aussi aider à contrôler l’activité minière qui génère de la radioactivité.
Dans le domaine de la santé, le nucléaire occupe une place prépondérante avec la radiothérapie, le scanner et autres. En fait, le nucléaire est aujourd’hui presque incontournable dans la santé. Il intervient aussi dans la sécurité. « L'ITNA demeure le seul centre identifié ayant les capacités analytiques relatives à la criminalité nucléaire », ajoute Oumar Absatou Niasse.
Dans le domaine de l’énergie, le Sénégal étudie l’option d’avoir de petites centrales nucléaires. Mais le choix n’est pas partagé par certains experts comme le professeur Amadou Wagué, ancien directeur de l’ITNA, qui recommande la fusion nucléaire à la place. Ce dernier pense surtout que le potentiel solaire suffit largement pour répondre aux besoins en énergie du Sénégal.