Marchés d’armement sous Macky Sall : Le Pôle financier remonte la piste des contrats turcs et israéliens
Le Parquet judiciaire financier (PJF) continue de fouiller minutieusement la gestion de Macky Sall, dont certains proches ont déjà été arrêtés pour détournements de fonds publics. Selon Le Quotidien, le PJF a reçu mandat d’examiner la gestion de l’Armée de l’air sénégalaise sur la période 2015-2022. L’objectif est de passer au crible les contrats d’armement et d’équipements conclus durant cette période et de déterminer dans quelles conditions ils ont été établis.
Le journal rapporte que le procureur de la République du Pôle financier a adressé une requête au chef d’état-major de l’Armée de l’air, le général de brigade El Hadj Niang, lui demandant d’autoriser la Division des investigations criminelles (Dic) à auditionner « toute autorité militaire » et à obtenir communication de tout document relatif aux marchés en question.
L’attention des enquêteurs se porte notamment sur le contrat signé en février 2022 entre l’état-major de l’Armée de l’air et la société turque Baykar Makina. Les modalités et conditions de ce marché intéressent particulièrement les enquêteurs, qui réclament également la remise de tous les documents pertinents. D’après les informations de Le Quotidien, le libellé de la demande semble indirectement viser l’actuel ministre des Forces armées.
Fait notable : le commandant de ce corps militaire prestigieux à l’époque, le général Birame Diop, est aujourd’hui ministre des Forces armées. Celui-ci avait dirigé l’Armée de l’air entre 2015 et 2017, une période incluse dans le champ des investigations. Le président Bassirou Diomaye Faye aurait, de son côté, saisi l’Inspection générale d’État (Ige) pour une enquête préalable dont les conclusions auraient relevé de graves irrégularités, évoquant notamment des cas de « surfacturation d’équipements militaires commandés, payés mais non livrés » sous le magistère de Macky Sall.
Rien n’indique toutefois, pour l’heure, que le général Diop ait déjà été entendu par les enquêteurs. Outre le contrat turc, le Pôle financier s’intéresserait également à d’autres marchés conclus par l’Armée, certains impliquant des compagnies israéliennes. Il faut rappeler que, malgré les nombreuses dénonciations des actions de l’État hébreu, le régime de Macky Sall a entretenu des relations commerciales qui ont contribué à enrichir des sociétés israéliennes.
Toujours selon Le Quotidien, les autorités politiques auraient demandé aux enquêteurs de ne pas se laisser freiner par l’argument du « secret défense », qui pourrait être avancé pour limiter l’accès aux informations.
Cette affaire illustre la volonté affichée par le régime de Pastef de poursuivre la reddition des comptes jusque dans les sphères militaires les plus sensibles. Comme l’ont rappelé les plus hautes autorités, « nul ne saurait se croire intouchable ».