ACCORD SUR LE BULLETIN UNIQUE ET L’ELECTION DU MAIRE AU SUFFRAGE UNIVERSEL

23 - Août - 2019

La Commission du dialogue politique est tombée d’accord hier sur l’adoption du bulletin unique pour toutes les élections à venir ainsi que sur l’élection des maires au suffrage universel. La seconde étape sera de définir les modalités de tout cela.

Sur les points de la plateforme du dialogue politique relatifs au bulletin unique et à l’élection du maire au suffrage universel, la commission dirigée par le général Mamadou Niang connaît de très bonnes avancées. Elle a adopté à l ‘unanimité hier l’institutionnalisation du bulletin unique pour toutes les élections qui vont se tenir désormais dans notre pays. Elle est aussi tombée d’accord pour l’élection des maires au suffrage universel direct. Toutes les parties prenantes du dialogue politique à savoir une partie de l’opposition, la majorité, les non-alignés et la société civile sont tombées d’accord sur ces deux importants points. Notre source qui a pris part à la rencontre indique que la seconde étape pour la Commission, qui se réunit les mardis et jeudis, sera de définir les modalités de mise en œuvre de ces deux propositions. Les acteurs politiques rejoignent ainsi les positions développées mercredi par le Collectif des organisations de la Société civile pour les élections (COSCE). Ce dernier, en partenariat avec l’ONG 3D, a publié avant-hier un recueil de contributions citoyennes sur entre autres ces deux points. Des propositions soutenues par les acteurs politiques.

Selon le président du groupe Benno Bokk Yakaar (Bby) à l’Assemblée nationale, Aymérou Gningue, « il est bon de renforcer la légitimité des instances dirigeantes des conseils municipaux et départementaux ». Développant son propos, il estime qu’« il est normal et juste que lorsque quelqu’un dirige une liste majoritaire il puisse être, demain, le maire qui soit élu dans sa circonscription ou le président du Conseil départemental dans le département où il vit. Pourquoi ? Parce qu’il faut sortir du cadre où c’est après l’élection au suffrage direct que les négociations se mènent au niveau du suffrage indirect avec les conseillers municipaux et les conseillers départementaux. Cela ne participe pas à la clarté du choix des populations. C’est pourquoi, moi, je suis d’avis qu’il faudra introduire des innovations qui puissent faire de sorte que les têtes de liste majoritaire on puisse en faire demain des maires et ou des présidents de conseil départemental » souligne le maire de Mérina Dakhar. Bamba Fall le maire de la Médina, lui aussi applaudit à cette proposition. « Je soutiens cette idée de modifier l’article 92 du 28 décembre 2013 prévoyant que les populations élisent une liste. Ce qui se passe jusqu’à maintenant, c’est que la liste du Conseil municipal, une fois établie, le Conseil élit en son sein un maire et des adjoints. Donc, la tête de liste peut ne pas être le maire. On l’a vu récemment lors des dernières élections, beaucoup de têtes de listes n’ont pas été maires parce qu’il y a eu des manigances, des combinaisons et autres. Et même une corruption. Ce qui trahit la volonté populaire des électeurs qui, comme dans l’élection présidentielle, doivent connaitre qui sera leur maire ». Telle est la position de ce maire membre du Parti socialiste. Son homologue de DieuppeulDerklé, Cheikh Guèye, proche de Khalifa Sall note que « l’élection du futur maire par suffrage universel direct sera une avancée démocratique majeure qu’il faut saluer. Aujourd’hui, il s’agit de l’élection du maire, mais il y a d’autres questions annexes qui concernent la collectivité locale. Il ne s’agit pas de légitimer et de donner plus de force au maire. Mais il s’agit de créer des collectivités locales très fortes, viables, orientées vers un développement durable. » En écho, Mme Woré Sarr aussi souscrit à cette future réforme. « Je fais partie de ceux qui ont plaidé pour une telle idée à l’Assemblée nationale. Je suis favorable à ce que le maire soit élu au suffrage universel direct pour ne pas trahir la confiance des administrés » se réjouit cette responsable du PDS, ancienne maire de Médina Gounass.

Pour sa part, le président du conseil départemental de Kaffrine, Adama Diouf, indique que « pour des soucis de démocratie qu’il faut préserver et promouvoir, j’estime que le maire doit sortir de la liste qui a gagné pour diriger la commune. De mon point de vue, cela renforce la démocratie. La responsabilité du maire est aussi renforcée. Et, il y a plus de solidarité dans l’équipe qui a gagné »

Bulletin unique : une forte recommandation des acteurs

Si la commission du dialogue politique a pu trouver rapidement un accord sur le bulletin unique, c’est parce que celui-ci a déjà fait l’objet depuis 2011 d’une forte recommandation des acteurs. L’introduction du bulletin unique a été, depuis longtemps, une préoccupation de la société civile et de certains acteurs politiques. Elle a également fait l’objet de recommandations de la CENA, du Comité de Veille ainsi que des Missions d’observation électorale, notamment celles de l’Union Africaine et de l’Union Européenne. En 2011, dans une synthèse de ses travaux, la Commission technique chargée de la Revue du Code électoral (CTRCE) préconisait « l’adoption unanime de l’utilisation du bulletin unique avec tirage au sort pour déterminer la position des candidats ou listes des candidats sur ledit bulletin. Les bulletins seront sécurisés et leurs dimensions ainsi que celles des photos des candidats seront déterminées par arrêté du Ministre chargé des Elections. Conformément au mandat de la CTRCE, les dispositions concernées ont été identifiées ainsi bien que dans la partie législative que dans celle réglementaire ».

Le Témoin

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