Avec ce nouveau gouvernement, le président de la république fait du « sur place » et du tâtonnement, pour deux raisons au moins (Ibrahima Wade)

08 - Septembre - 2017
Premièrement, les citoyens qui n’étaient pas contents de la politique menée par le gouvernement (ils l’ont fait savoir lors des élections législatives), s’attendaient à voir une autre équipe à même d’apporter les changements idoines pour enfin satisfaire les demandes sociales et sociétales. Mais au final, le Premier ministre nous annonce un gouvernement de continuité, avec quasi la même équipe et le même cap.
Nous avons noté aussi que la plupart des ministres ont changé de portefeuille ; ceci nous renseigne qu’ils n’ont pas donné satisfaction dans leur station antérieure (cas du ministre de l’intérieur), mais puisqu’ils doivent rester dans le gouvernement ils héritent d’un autre département. Il faut noter que diriger un nouveau département ministériel requiert des réglages et une imprégnation dans les dossiers et à moins de 18 mois des élections, il est difficile de bien connaître et maîtriser tous les dossiers et apporter les solutions attendues par les citoyens. Il fallait donc des techniciens pour chaque département ministériel, si réellement le but visé est de trouver des solutions aux difficultés des Sénégalais.
Nous devons savoir que l’objectif que se fixe le Président de la République c’est un second mandat en 2019 et ce gouvernement va entrer en campagne électorale dès son installation. Mais vu la pratique politique à la mode au Sénégal (achat de conscience, trafic d’influence etc.), nous soupçonnons déjà que la plus grande partie du travail des ministres consisterait à mobiliser pour la réélection du président Macky Sall. 
Comment alors pourrait-on croire que cette équipe emmènerait les changements nécessaires pour relever les défis auxquels le Sénégal fait face.
Nous avons tous remarqué que la diaspora sénégalaise n’est pas une priorité dans ce nouveau gouvernement, car non seulement nous n’avons toujours pas ce département ministériel de plein exercice que nous réclamons, mais aucun acte n’est posé par le Premier Ministre pour nous démontrer leur considération. Aucun mot du Premier Ministre pour la diaspora. Il est bon de rappeler que la diaspora contribue pour un tiers du PIB du Sénégal et que près de 3 millions de Sénégalais vivent à l’extérieur et jouent pleinement leur rôle de stabilisateur social.
Deuxièmement, les Sénégalais doivent se rappeler de ce que le Premier Ministre nous disait lors de sa déclaration de politique générale. Il avait dit que le rôle du gouvernement n’est pas de créer de l’emploi et aujourd’hui, il annonce un grand ministère dédié à l’emploi surtout celui des jeunes.
Ceci prouve un manque de vision claire de l’orientation de la politique gouvernementale et une défaillance de la communication au plus haut sommet de l’Etat. Dans tous les pays modernes, l’emploi est au cœur de toutes les politiques publiques. L’emploi c’est le moteur de l’économie car s’il y a de l’emploi cela démontre le dynamisme économique du pays, s’il y a de l’emploi il y a de la consommation, s’il y a de la consommation, il y a possibilité de développement économique. 
On entend souvent à travers les pays développés, des gouvernements dirent que tout argent qu’ils vont investir doit servir à créer de l’emploi. L’Etat non seulement crée de l’emploi car il a besoin de fonctionnaires pour la gestion du pays, mais son rôle est de créer les conditions favorables à la création de l’emploi par le secteur privé marchand et non marchand. Si par ses actions des emplois se créent, l’Etat peut le revendiquer dans son bilan. La réussite ou l’échec des gouvernements dans les pays développer se mesure souvent par le taux de chômage.
Nous reconnaissons dès lors au gouvernement, le mérite de remettre aujourd’hui l’emploi au cœur de la politique publique et de l’orienter vers la frange jeune et féminine. La jeunesse c’est l’avenir du pays, donc investir dans sa jeunesse c’est préparer et assurer l’avenir du Sénégal. Les femmes étant majoritaires au Sénégal, elles doivent avoir la place qu’elles méritent dans les choix politiques surtout qu’elles démontrent un dynamisme inégalé dans tous les secteurs productifs du pays. 
Espérons que cette fois-ci, l’accompagnement de cette catégorie de la population ne se fera pas sur des bases politiciennes et que les actes suivront effectivement les paroles.
Le Premier Ministre appelle les Sénégalaises et les Sénégalais au travail, sachez que nous sommes déjà à l’œuvre ; mais souvent nous ne sommes pas bien associés à ce que vous faites, et pas toujours reconnu à ce que nous faisons de la part de l’Etat.
Ibrahima Wade
Bruxelles
 
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