GUINEE CONAKRY : QUAND EST-CE QUE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE VA INTERVENIR POUR STOPPER LA BARBARIE CONTRE LES PEULS ?

20 - Février - 2018

La communauté internationale attend t-elle que le régime de Alpha Condé finisse d’exterminer la communauté peule de la Guinée pour réagir ? Cette question mérite aujourd’hui d’être posée au regard de ce qui se passe en Guinée, depuis presque une décennie avec tous ces cortèges de morts, tombés sous les balles des forces de l’ordre. La particularité de cette tuerie, c’est que toutes ces victimes sont de l’ethnie peule et dont le seul tord est de soutenir l’Union des forces démocratiques de Guinée dont le leader Cellou Dalein Diallo est peul.
Et au rythme où vont les choses cette liste de victimes risque de s’allonger. En fait, comme l’annoncent tous les médias du monde entier, depuis quelques jours, la violence est à son paroxysme en Guinée depuis le lendemain des élections locales du 4 février. Des violences qui font suite à la tentative des autorités en charge de compilation des résultats provisoires de ce scrutin d’annuler ou de faire égarer les procès verbaux, issus des bureaux de vote où le Rassemblement du peuple de Guinée (Rpg), le parti au pouvoir a été laminé par l’Ufdg son principal adversaire de l’opposition. Ces violences ont déjà fait plusieurs morts parmi lesquels des jeunes élèves et étudiants, tous faussés par la gendarmerie qui fait usage de balles réelles pour disperser les manifestations. Et toutes ces victimes sont de jeunes peuls.
Autre fait grave, certains militants du Rpg, choqués par les revers que leur parti a subis dans certaines localités du pays, notamment dans Conakry et à Djiguiraye, s’en prennent aux peuls, brûlant leurs boutiques et leurs maisons. Et au lieu de traquer et arrêter ces criminels, tapis dans les allées du pouvoir, les policiers et autres gendarmes, aidés par la soldatesque s’en prennent aux pauvres peuls qu’ils torturent, jettent en prison ou tuent avec leurs fusils, sans être inquiétés. Et quand ces pauvres innocents qu’ils arrêtent ne sont pas tués sur le coup, ils sont jugés et écopent souvent de lourdes peines, pendant que les vrais coupables (des malinkés) circulent tranquillement, s’ils ne sont pas en train de perpétrer d’autres forfaits contre les peuls. Pendant ce temps ni le représentant du Secrétaire général des Nations-Unies en Afrique de l’ouest, Mohamed Ibn Chambass se limite juste à lancer des appels au calme sans jamais faire référence à la fraude massive, orchestrée par les organes électoraux en faveur du parti au pouvoir et la tuerie perpétrée contre la communauté peule. Les chancelleries brillent aussi par leur silence face à cette situation. L’Union africaine ou la CEDEAO, censées dénoncer et sanctionner ces crimes n’évoquent jamais le sujet. C’est comme si la Guinée ne fait pas partie de l’Afrique. Les organisations des droits de l’homme, aussi, semblent ne pas s’intéresser à ce qui se passe dans ce pays. La Raddho qui a longtemps joué le rôle de sentinelle pour dénoncer les dérives de régimes criminels sur le continent africain ne jette pas non plus un regard sur les tueries perpétrées en Guinée par les forces de l’ordre avec la complicité du pouvoir de Alpha Condé. La CPI de Fatou Ben Souda qui avait, pourtant, indiqué en 2015, lors de l’élection présidentielle en Guinée, que sa cour allait traquer et juger toute personne qui y commettait des crimes, n’a jamais évoqué ce sujet lié à cette barbarie qui s’abat sur une frange du peuple guinéen. C’est comme si c’est de simples mouches qu’on tuait. Depuis, l’arrivée de Alpha Condé au pouvoir, en 2011, au total, plus de 80 personnes (presque tous des jeunes peuls) ont été tuées à dessein par les forces de l’ordre en Guinée et notamment à Conakry. Soit plus de la moitié des personnes qui avaient été tuées au stade du 28 septembre en septembre 2009. Et c’est presque sûr que d’autres seront tués encore parce que les supporters de l’opposition et particulièrement ceux de l’Ufdg entendent s’opposer par tous les moyens (même au prix de leur vie) à l’escroquerie électorale qui se dessine encore dans le pays. Des manifestations de rues sont déjà programmées pour s’opposer à la fraude massive des élections locales du 04 février courant, orchestrées par les organes chargés d’organiser les élections pour inverser les résultats qui ont consacré la victoire de l’opposition dans presque tout le pays y compris la capitale Conakry où le RPG au pouvoir a perdu même à Kaloum, le quartier qui abrite le palais présidentiel. Même scénario à Kindia où on veut donner la victoire au candidat du Rpg en falsifiant les résultats, sortis des urnes au détriment de celui de l’Ufdg qui y a largement gagné ce scrutin. Dans d’autres localités du pays, comme en Guinée forestière, les procès verbaux issus des bureaux de vote ne seraient toujours pas arrivés au niveau de la CENI. En réalité, on est en train de falsifier les résultats pour donner la victoire au Rpg qui y a été laminé malgré l’implication directe de l’administration territoriale en sa faveur. Cette situation a irrité même un journaliste ivoirien. Sylver Konan, comme c’est de lui qu’il s’agit, a dénoncé en ces termes ce qui se passe en Guinée: ‘’Bienvenue en Guinée, le seul pays au monde où le Président se promène partout, pour donner des cours de démocratie aux autres, sans être capable de faire appliquer ces mêmes cours chez lui. Dix jours et on attend toujours les résultats complets de simples élections municipales. Déjà au moins sept morts, dont des bébés. Le président de la CENI explique, sans rire et sans honte, que les commissions locales n'ont "pas de technologie pour nous faire parvenir les résultats comme dans les autres pays. Ça vient de N’zérékoré, 1000 kilomètres, il faut que le gars attende que le dernier procès-verbal soit rentré, il commence la centralisation, il finit la centralisation, il prend la route pour venir jusqu‘à Conakry".
Ce qui est étonnant c’est que ce ne sont pas seulement les militants de l’Ufdg qui descendent dans les rues pour manifester contre le régime de Alpha Condé, beaucoup d’autres formations de l’opposition prennent part à ces manifestations. Maintenant comment se fait-il que cela soit les seuls peuls qui sont tués à l’occasion de celles-ci ? Pourquoi le hasard fait que cela soit les seuls peuls qui reçoivent les balles tirées par les forces de l’ordre ? Cette situation accrédite la thèse selon laquelle c’est une ethnie qui est ciblée dans cette tuerie. Et Alpha Condé n’a jamais réagi pour condamner ces actes barbares. Ce qui conforte encore l'idée de ceux qui pensent que c'est lui-même qui commandite ces tueries.

Mamadou Alpha Diallo (infos15.com)

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