SOMMET AFRIQUE-FRANCE : MALGRE LES CRITIQUES, ACHILLE MBEMBE TIRE UN BILAN POSITIF DE LA RENCONTRE

20 - Octobre - 2021

Achille Mbembe est philosophe, politologue, historien et écrivain originaire du Cameroun. Il a été chargé par le président Emmanuel Macron de lancer de vastes consultations en Afrique en vue du Nouveau Sommet Afrique-France. Cette rencontre qui a réuni, les 8 et 9 octobre à Montpellier, des milliers de jeunes Africains et de la diaspora autour d’Emmanuel Macron, a suscité de vifs débats sur le continent africain. Pourtant, dans l’interview accordée à la Croix Africa, l’intellectuel tire un bilan positif du sommet.
« L’objectif était d’obtenir de la France un positionnement clair sur des questions cruciales et sur un certain nombre de défis d’avenir. Nous voulions qu’elle se situe sans ambiguïté du côté de la démocratie. Un Fonds de soutien à l’innovation et à la démocratie va être mis sur pied. Face à la montée des périls identitaires et du racisme dans le monde, nous voulions qu’elle s’engage, sans équivoque, à reconnaître sa part africaine, explique M. Mbembe. Une Maison de l’Afrique et des diasporas sera construite, non pas en banlieue, mais en plein cœur de la capitale. Nous voulions que certaines pratiques héritées du passé cessent. Emmanuel Macron a reconnu publiquement que l’armée française n’a pas vocation à rester en Afrique. Il faut maintenant le prendre au mot et ouvrir des négociations qui permettent d’imaginer d’autres formes de coopération sur le plan militaire parce que nous en avons besoin. Ceci pourrait passer, par exemple, par le soutien aux mécanismes régionaux et africains de sécurité collective ou par l’accroissement du soutien aux capacités opérationnelles de forces africaines éventuelles. La même chose peut être envisagée du point de vue de la politique de coopération monétaire. Le Franc CFA n’a, en effet, plus d’avenir en Afrique. Il s’agit d’une monnaie qui porte désormais le masque du mort. Le moment est propice pour une floraison d’idées et de propositions. Mais comme on le sait, la critique vaine est parfois plus facile que la capacité à articuler des propositions. »
A la question de savoir pourquoi « une rencontre entre les jeunes Africains et le président français ? », il répond : « Emmanuel Macron cherche à transformer les rapports que la France entretient avec l’Afrique. Il sait que le cycle de la « Françafrique » est arrivé à bout. À la place, il veut inventer autre chose. Il est en effet temps de passer à autre chose. Ce passage, il faut l’effectuer ensemble, sinon nous ne réussirons pas. S’agissant de l’Afrique et de la France, c’est le pari que la plupart d’entre nous faisons. D’autres font un pari différent. Pour ce qui nous concerne, je crois qu’à Montpellier, nous avons brisé le moule. Mais c’est le veau d’or lui-même qu’il faut détruire, et cela requiert encore normalement de travail. Pour cela, nous n’avons pas besoin d’incantations. Nous avons tous lu et appris de Cheikh Anta Diop, Nkrumah, Cabral, Sankara et d’autres. Nous n’avons pas besoin de les psalmodier. Nous avons besoin d’une véritable théorie de la liquidation. »
Lamine Sow avec La Croix

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